Coloscopie du 21 décembre 2012, la fin de mon petit monde ?

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

   
Très drôle cette petite animation prout prout mais pas trop, pour inciter les gens à aller se faire scoper la porte de derrière (back door). Ce à quoi ce que je me prépare depuis 4 jours (pas 5 comme ordonné par la gastro-entérologue, zut elle fait chier), je préviens, une fois de plus je raconte ma vie de l'intérieur, il y a de la matière.
Je viens de rater le déjeûner de Noël de la cantine, pas à moi les plats raffinés à 3,78 EUR : pavé de boeuf mariné ou dinde aux marrons. Pour la seule fois par an que c'est bon (mais cher, oui on a ses habitudes de bouffer pour 1,50 EUR), dommage de rater ça. Je chercherai des pâtes désespérement, 4 jours que j'en bouffe (une fois j'ai raté la polenta bien jaune, ne savais pas que ça marchait aussi), aujourd'hui seul jour de l'année où on ne fait pas dans la nouille trop cuite. Toujours le même menu type de préparation à la coloscopie (peut-être parce que je vais toujours à la même clinique ; faudrait voir à varier les plaisirs autorisés par la faculté) :
- pâtes/semoule/riz
- jambon/poisson blanc bouilli/blanc de poulet 
- fromage à pâte dure (j'aime toujours le François Hollande heureusement)
- miel/gelée de groseilles ou de coing (ce sera miel, pas de ces subtilités de confitures dans mon DIA préféré)
- biscottes (que j'achète aux 6 céréales, malheureuse, les seules disponibles chez DIA qui décidément n'assure pas, or il faut des "ordinaires" je sais pas lire ou quoi ?)
- dessert : gâteaux secs (merci les galettes bretonnes)/pâtes de fruit (où trouve-t-on des pâtes de fruit ? C'est ce qu'offraient mes arrière grand-tantes pour Noël, n'en ai pas mangé depuis des lustres. Les loukoums, ça marchait ? En reste plein d'un voyage de ma mère en Turquie d'il y a plus d'un an, les mites se régalent).
- boisson : eau/thé/café, sans lait...
Or hier lors d'une soirée chez une bonne copine, je bus force punchs, j'adore ça et ça rend un tantinet gaie, et aussi du champ et du vin rouge, rien ne bouge. Et pire que tout ce midi à la cantine je me laissai aller, après avoir donné à ma collègue ravie de l'aubaine, mais me plaignant tout de même, toute la salade autour du tartare de noix de saint-jacques (eh oui quand même, on s'arrange comme on peut avec les instructions), les gambas en déco et surtout les trois-quarts de mes potatoes bien dorées (comme on en voit jamais en ces lieux), à finir celles qui restaient dans mon assiette de poisson... J'ai donc bouffé du gras, de la pomme de terre, de la fibre, de l'amidon... Tout ça va se voir comme le nez au milieu de la figure au beau milieu de ma tuyauterie, mon colon ! Sans parler du foie gras tartiné sur chips de maïs hier au soir, n'ai pu m'en empêcher, la copine le prépare si bien, elle explique avoir dû "dénerver" la bête, enfin le lobe etc... Que n'ai je tout appris de ma mère-grand du Lot-et-Garonne, maîtresse en la matière elle aussi, et avec ses propres bestioles. Bon, ça me donne faim, et jusqu'à demain midi tintin, j'ai glissé en douce au fond de mon cabas une brioche aux pralines roses de Lyon, ramenée il y a deux jours par ma mère et gardée jusque là précieusement, fourrée (aux pralines) dans mon sac près du téléphone portable pourtant "formellement interdit", comme les autres affaires de valeur, et comment on fait pour prévenir les personnes qui doivent nous raccompagner après ? Des fois que je m'écroule demain sur la chaussée au sortir de la fête... 
Bref je suis une grosse écervelée qui n'a pas de volonté et qui risque bien, outre le fait de devoir se retaper ce liquide infect (quoique ça ait fait des progrès, le Colopeg a un tout petit peu moins de goût que les autres médications d'il y a quelques années, Fortrans et cie : ça fait 5 fois que je passe cet examen pénible et chaque fois que j'y pense, l'exécrable goût me revient immédiatement à la bouche, tu parles d'une madeleine) de devoir se refader une anesthésie générale.
Pas malin, même si j'aime bien quand ils font le final countdown : 1, 2, 3, 4 - jamais dépassé 4 lors de cette énumération de chiffres,  j'essaie toujours de résister, mais ça ne marche jamais. Aujourd'hui en fait les anesthésistes ne nous posent plus de masque à oxygène sur la figure et ne décomptent plus les "un deux trois..." vers les étoiles, ils profèrent tout juste un petit "on y va" qui passe presque inaperçu, puis "vous allez sentir un goût métallique dans la bouche", le liquide passe dans la perfusion, et pouf on n'est plus là.
 D'ailleurs, en parlant de compte à rebours final, il est minuit passé et toujours pas de météorite. Enfin, il est à remarquer du côté du XVIIIe divers jaillissements intempestifs d'anti-matière. J'en suis à mon 4e et dernier litre de Colopeg, tout coule de source, mais ça va je suis seule dans les lieux d'aisance, je trône. Pour l'instant je réfreigne mes envies de vomir, il est minuit trente-cinq et il faut que j'avale encore 750 cl, c'est énôôôrme.
Je sais bien que tous ces préparatifs sont indispensables à la bonne réalisation de l'examen, si le périscope nage dans le caca, les p'tits ou gros polypes ne risquent pas d'être enlevés à la pince à épiler de la machine (éxérèse, terme précis que je tiens à préciser dans cette éxégèse raffinée que j'offre à ma page d'accueil, en lieu et place de mes habituelles jérémiades).
Quoique, la fin du monde pourrait bien arriver, par devers moi, y a que ça qui m'intéresse, sous la forme d'une nouvelle oncologiquement glaçante, du genre eh bien le cancer recto-colal, vous me suivez, qui me serait assénée demain au réveil de ma séance de strip tease, ou disons-le de fist. Fuck, fuck. Comme Papa, qui ne serait peut-être pas mort il y a 40 ans de la même joyeuseté si cet examen avait existé, à la place des lavements barytés d'époque. Et bien sûr, on devine qu'il existera sous peu, quelques années, d'autres formes d'exploration, moins invasives mais plus sûres, en 3 D (existe déjà en fait), ou autres prouesses technologiques. Pour nous empêcher de développer une flore intestinale des plus détestables, polypes, diverticules, tumeurs, tu meurs.
Donc say a little prayer pour que no bad news, pas de nouvelles bonnes nouvelles, du front arrière, et avanti les gloups dernières gorgées de Colopeg, je ne respire pas, et je compte mes lampées en fermant les yeux, à même le pot en plastique transparent (qui aurait fait un joli seau de plage pour mes bébés ; je garde tout). Mais hélas n'arrive jamais à absorber plus de 300 ml à la suite, fontaine je boirai de ton eau dégueu et pleine de chlorure de sodium, ah je crois qu'à 0 h 55 il est temps de boire la coupe jusqu'à l'hallali. Allez, c'est fait (tout est fait d'ailleurs).   
Demain, pas de fin de mon monde, please madame la doctoresse qui me fait l'honneur d'aller au fond des choses.
Comme d'habitude, un article bien profond.

Le lendemain de l'apocalypse, 22/12/2012, nous sommes toujours vivants et moi aussi, avec de nouvelles précisions sur mon intériorité : deux polypes de moins d'1 cm trouvés et enlevés, grâce à ma "préparation parfaite", dixit la toubib. Congratulations, je m'auto-félicite, à moi les frites dans 3 ans !
Mauvaise surprise cependant et cerise sur le gâteau, hernie discale L5S1 (non ce n'est pas une bataille navale, ça veut dire 5e lombaire et 1re sacrée) + sciatique révélées par le scanner programmé aussi ce jour. Vais finir par faire ma douillette, j'en ai plein le dos.
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