Une drôle de famille, Piret Raud

Drôles de personnages, vus dans l'exposition Iran année 38, Arles

Une drôle de famille, Piret Raud

Traduit de l'estonien 

paru chez Rouergue, collection Dacodac, en février 2018

On se perd un peu dans la grande famille d'Adam, qui préfère en représenter son arbre généalogique sous forme d'un mille pattes. Evoqués chacun tour à tour dans les 26 chapitres à dormir debout de ce roman régal d'humour et de non-sens, tous les membres de la famille - des tantes et grand-tantes improbables aux parents et frères et soeur loufoques ont des traits bien marqués et font preuve d'originalité. Bien plus que ça même, car chaque petite histoire surréaliste en diable bascule vite dans le délire le plus total. L'un fume tant qu'il en vient à obscurcir le monde, l'autre fait des trous partout jusqu'à transformer l'univers en trou noir et y disparaître. Heureusement le trou est réparé par un dentiste, tout comme l'amateur de pipe finalement incommodé va décider sagement de se mettre à (trop) manger à la place, au moins ça ne fait pas de fumée. Plus loin, une cousine se transforme en lapin à force d'être obligée de manger des carottes, et le cousin très intelligent fait de l'électricité à toute la ville grâce à ses lumières.

Un délicieux roman plein de trouvailles poétiques et drôlissimes, aux exagérations sans limites. Les entorses à la réalité sont autant de fables burlesques qui apprennent la tolérance devant les petits travers des uns et des autres, en les amplifiant d'abord démesurément jusqu'à l'absurde, pour les ramener à leurs justes proportions. On peut trouver un remède à toutes les catastrophes, heureusement que la vie est comme ça.