Hugo aime Joséphine et Hodei

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

Hugo aime Joséphine et Hodei
DIDIER JEUNESSE
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 Sophie Dieuaide :
 Hugo aime Joséphine. 2019
 ISBN 978-2-278-09174-4 : 12 EUR

 

A partir de 9 ans

 

Un nouveau roman sympa de Sophie Dieuaide, où filles et garçons se jaugent et se plaisent dans un collège, sans savoir trop comment se l'avouer. Hugo n'aime pas les filles, mais tombe sous le charme de la jolie nouvelle élève de sa classe, Joséphine. C'est lui le narrateur, à la première personne, alors qu'on ne connait de Joséphine que les pages de son journal écrit à la main, présenté uniquement en illustrations. Très nombreux dialogues, et une mise en page présentant au fil du texte des encarts à la typographie différente, représentant messages et sms échangés entre les jeunes, et autres listes numérotées de choses indispensables à faire. Mention spéciale à la séquence hilarante où la grande soeur d'Hugo lui concocte une lettre d'amour aux petits oignons, en recopiant des extraits de la correspondance amoureuse de Verlaine ou Balzac, parmi lesquels il fait son choix pour sa déclaration. Rien de bien nouveau, mais cette histoire d'initiation aux relations amoureuses au collège au ton direct et complice ne manque pas de charme, d'humour et de fraîcheur, et sera lue avec plaisir par les enfants.

Hugo aime Joséphine et Hodei

L’ÉCOLE DES LOISIRS

(Neuf)

 Eugène Green :

 Les Saisons : le voyage d’Hodei. 2019

 ISBN 978-2-211-239370 : 12,50 EUR

 

A partir de 10 ans

 

S’ouvre sur une page liminaire précisant la prononciation phonétique des noms basques présents dan l’ouvrage. L’auteur, Eugène Green,est un dramaturge écrivain d’origine anglaise, installé en France depuis plusieurs années, qui s’intéresse particulièrement à l’histoire de la langue basque. Cette attention particulière accordée en préambule à la manière de parler n’est pas étonnant de la part d’un homme de théâtre réputé pour son attachement à faire revivre l’oralité baroque du grand siècle dans ses mises en scènes où les acteurs doivent soigner leur diction en articulant bien toutes les li-ai-sons. Ses “Saisons” pour les enfants ne tiennent pas les promesses de leur titre, c’est en fait le nom de la rivière de ce coin de pays basque.

Sous-titré “le Voyage de Hodai”, le récit forme un conte assez classique, avec une quête, des récompenses, des épreuves, des adjuvants etc… Recette éprouvée, mais qui ne marche pas (pour moi) : peu ou pas d’humour dans ces aventures à dos de dragon, et pas plus d’ancrage spatio-temporel. Malgré quelques allusions à l’usage du téléphone portable, on se demande à quelle époque se passe l’histoire, avec ses références bien pensantes et moralistes d’un autre âge ; et pour la géographie on repassera aussi, malgré les références à la langue basque et la présence de montagnes, de grottes et de forêt,  et encore moins de rendu du rythme naturel des saisons.

Le garçon s’ennuie à l’école. Doté d’une gentille grand mère, il suit ses conseils et s’en va rendre visite à une sorcière qui l’enjoint à faire éclore un oeuf millénaire au fond d’une grotte… Le passage de l’univers réaliste au fantastique se fait sans subtilité aucune, l’oeuf phosphorescent fait éclore un bébé dragon, sur le dos duquel l’enfant s’envole bientôt. Le roman plaira sans doute aux amateurs de contes fantastiques peuplés de dragons et de créatures surnaturelles, dangereuses ou bienveillantes comme les laminak basques, esprits bénéfiques changeant sans cesse d’apparence mais toujours au service du héros. Jamais la quête de l’enfant ne réserve de surprise véritable, on est dans du déjà lu et mieux écrit mille fois par tant d’autres (vilains soldats hostiles à combattre ; jeune fille à délivrer en haut d’une tour)... Sauf tiens un brin d’humour, la délivrance par celui ci de “portes” (oui, des portes en bois)  qui avaient été condamnées et mises en prison, par simple force de syllogisme : si elles sont condamnables, elles seront condamnées. Bref du très lourd, cette chevauchée fantastique ne tourne pas très bien sur ses gonds et trouvera difficilement son public.  

Usage d’une langue relativement soutenue, avec emploi fréquent du passé simple et concordance des temps bien respectée – même et surtout dans les dialogues, imparfait du subjonctif et circonflexes obligatoires. Le vocabulaire souvent désuet n’est pas en cause, c’est l’histoire improbable

qui laisse le lecteur avide de merveilleux sur sa faim. Le récit un peu laborieux des aventures de Hodai ne se fait jamais conte enchanteur, et ce ne sont pas les illustrations d’un noir et blanc bien maigrelet qui vont soulever l’enthousiasme.

Publié dans littérature jeunesse

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