Musée d'art moderne de Paris, des collections
Après l'expo des sculptures de Thomas Houseago (article OB), vais me régaler les yeux en faisant un tour dans le collections permanentes du Musée d'art moderne. Jamais les mêmes, les accrochages tournent. Petite promenade photographique, en commençant par le Mouvement de la Figuration narrative : oeuvres de Bernard Rancillac, Erro, Gérard Fromanger, Gilles Aillaud...
La figuration narrative est un mouvement artistique apparu, principalement dans la peinture, au début des années 1960 en France, dans le cadre du retour à la nouvelle figuration et en opposition...
Lu sur "D'art d'art ! l'intégrale" par Frédéric Taddeï et Marie-Isabelle Taddeï, paru au Chêne en 2019, au sujet de Velvet Jungle n°13/1 de Jacques Monory, 1971 (Musée d'art moderne de la ville de Paris) :
"Méfiez-vous de l'apparence idyllique que Jacques Monory donne à "Velvet Jungle n°13/1" en 1971. Pionnier de la figuration narrative, un courant artistique des années 1960, il s'oppose à la peinture abstraite, informelle, et au nouveau réalisme. il s'inspire des images du quotidien. Et son quotidien à lui, c'est le cinéma. Pas les stars sur papier glacé de Warhol, non ! Les gangsters des films noirs des années 1940. Son oeuvre est inspirée d'images de "Scarface", "Asphalt Jungle" ou autres films aux ambiances lourdes et angoissantes, qu'il mêle à sa propre vie. Dans des séries aux titres évocateurs - ( "Meurtres", "La voleuse" ou "Velvet Jungle", ses toiles sont des scènes de crime, peuplées de femmes fatales et d'impacts de balles réelles. Car Monory tire pour de vrai à coup de revolver sur ses oeuvres ! Le sang, en revanche, est peint "pour de faux". Pas de rouge dans son univers, toutes ses compositions sont recouvertes du bleu Monory, aussi représentatifs de l'artiste que le bleu d'Yves Klein. Mais si le monochrome de Klein abolit l'image, celui de Monory la complète d'une reflexion sur la réalité des choses et des sentiments. Derrière cette pellicule, la violence de la scène s'atténue, on quitte la réalité pour la fiction, tout ça c'est du cinéma. La vraie vie, c'est comme dans "Velvet Jungle n°13/1" : un père et son fils (Monory et son fils) marchent au bord d'un lac, sauf qu'au milieu des jonquilles, un tigre guette sa proie. Ici les fleurs évoquent à la fois le bonheur et un enterrement, même si celui ci n'a pas encore eu lieu. Ce tableau évoque un meurtre, mis en scène par la main d'un dieu féminin. La menace sous-jacente de "Velvet jungle" est peut être la manière la plus explicite qu'a trouvé Monory pour nous rappeler que "la violence est incluse dans la vie", mais aussi pour nous dire que "tout n'est peu être qu'illusion".