Le Jour de nos adieux / Jeff Zentner

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

Le Jour de nos adieux / Jeff Zentner

POCKET JEUNESSE-PKJ
(Territoires)
  Jeff Zentner ; trad. par Caroline Bouet :
  Le Jour de nos adieux. 2020
  ISBN 978-2-266-28090-7 : 18,90 EUR

 

A partir de 13 ans (Young Adult) – Bravo

 

 

A partir de 13 ans – Bravo

 

 

Des « Sauce-qui-peut », une bande de 4 garçons blagueurs et insouciants de Nashville, ne reste que le narrateur, qui en a gros sur la conscience. Blade n’était pas dans la voiture lors de l’accident qui a coûté la vie à ses trois meilleurs amis, mais il est sûr que c'est bien lui qui est à l’origine de leur mort, comme tout le monde d'ailleurs au lycée. C’est bien lui qui a envoyé au conducteur le fatal SMS qui a provoqué la catastrophe, imprudence impardonnable qui risque de l’envoyer en prison… Ravagé par la culpabilité et la perte de ses meilleurs amis, il lui faut affronter les familles en deuil lors des obsèques puis de cérémonies d’adieux où le tragique se mêle au souvenir des bons moments. Isolé et menacé de procès, Blade fait des crises d’angoisse et n’arrive pas exprimer sa souffrance ailleurs que chez le psy, malgré le soutien de quelques proches. Habilement construit entre action et introspection, et très américain avec ses scènes bien campées au découpage cinématographique et ses dialogues un peu trop nourris, ce roman d’initiation, où les épreuves ne manquent pas, aborde de front l’injustice de la mort à l’adolescence. Un livre bouleversant et plein d’empathie, à l’écriture sensible et au pathos assumé, qui explore parfaitement son sujet douloureux tout en ménageant des pointes d’humour constantes, avec son antihéros désarmant et l’évocation nostalgique des farces de sa joyeuse bande d’autrefois. 

Extraits de scènes relatant les trois cérémonies d'adieux, de plus en plus difficiles à affronter pour Carver (dont le véritable prénom et le surnom "Blade" évoquent l'idée de trancher ou découper, de la blessure à vif). Cérémonies d'adieux espacées dans le temps, dont l'intensité monte graduellement au fil du roman, et menacent la lente reconstruction du héros, au risque de lui donner l'envie de rejoindre ses camarades disparus, à cause de lui ?

Des scènes et rituels de plus en plus pénibles à vivre pour Blade, en présence des familles plus ou moins bienveillantes. Depuis l'émouvante journée passée avec la grand-mère en deuil de son petit fils adoré, qui choisit de reconstituer ce qui aurait été le meilleur des dimanches à vivre avec lui, en mettant Blade à la place de l'absent et lui offrant une partie de pêche et de bonne crêpes réconfortantes, aussi sucrées que salées de larmes, jusqu'aux pénibles séances de mises à l'épreuve qui tournent au règlement de comptes et à la torture morale, de la part de pères inconsolables qui en veulent terriblement à Blade pour ce SMS fatal de trop, et le lui font payer en l'accablant du poids de leurs reproches et de leur terrible douleur, comme si sa propre culpabilité face à la catastrophe ne suffisait pas...

 

“Pendant quelques instants, nous fouillons dans les tiroirs de nos souvenirs. Nous en sortons nos histoires les plus brillantes, les plus tranchantes, et nous les disposons, tels des couteaux, les une à côté des autres. Nous attisons des feux là où il n’y avait plus que des braises. Et puis nous ne disons plus rien car se contenter d’entendre nos respirations nous fait l’effet d’un rituel sacré dans les corridors de la mort”

 

“Il existe un cycle de l’eau. L’eau ne disparaît jamais. Elle ne meurt pas, n’est jamais détruite. Elle change juste de forme en un cycle continu, comme l’énergie. Par une chaude journée d’été, vous avez bu une eau qu’un dinosaure a bue un jour. Vous avez peut être versé des larmes sorties un jour des yeux d’Alexandre le Grand. Et donc je rends l’énergie d’Eli - son esprit - et tout ce qu’elle a contenu. Sa vie. Sa musique. Ses souvenirs. Ses amours. Toutes les belles choses en lui. Je donne toutes ces choses à l’eau afin que désormais, il puisse vivre à travers elle. De la forme à la forme. De l’énergie à l’énergie. Peut-être que je croiserai à nouveau mon fils sous la pluie, ou dans l’océan. Peut être touchera-t-il encore mon visage.”

 

Meanwhile, un livre traduit de l'américain où on peut lire les mots d'"épiphanie" et de "cynesthésie", les voir expliquer, et en apprendre un nouveau, la "paréidolie" (z'avez qu'à lire pour savoir) ne peut pas être mauvais !

 

Des « Sauce-qui-peut », une bande de 4 garçons blagueurs et insouciants de Nashville, ne reste que le narrateur, qui en a gros sur la conscience. Blade n’était pas dans la voiture lors de l’accident qui a coûté la vie à ses meilleurs potes, mais il est sûr d’être à l’origine de leur mort, comme tout le monde au lycée. C’est bien lui qui a envoyé au conducteur le fatal SMS qui a provoqué la catastrophe, imprudence impardonnable qui risque de l’envoyer en prison… Ravagé par la culpabilité et la perte de ses meilleurs amis, il lui faut affronter les familles en deuil lors des obsèques puis de cérémonies d’adieux où le tragique se mêle au souvenir des bons moments. Isolé et menacé de procès, Blade fait des crises d’angoisse et n’arrive pas exprimer sa souffrance ailleurs que chez le psy, malgré le soutien de quelques proches. Habilement construit entre action et introspection, et très américain avec ses scènes bien campées au découpage cinématographique et ses dialogues un peu trop nourris, ce roman d’initiation où les épreuves ne manquent pas aborde de front l’injustice de la mort à l’adolescence. Un livre bouleversant et plein d’empathie, à l’écriture sensible et au pathos assumé, qui explore parfaitement son sujet douloureux tout en ménageant des pointes d’humour constantes, avec son antihéros désarmant et l’évocation nostalgique des farces de sa joyeuse bande d’autrefois. 

Le Jour de nos adieux / Jeff Zentner
Le Jour de nos adieux / Jeff Zentner
Le Jour de nos adieux / Jeff Zentner

Publié dans littérature jeunesse

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