Images de la FIAC en ligne

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

Le week-end du 7 mars, c'était la FIAC, Foire internationale d'art contemporain, qui se tenait non au Grand-Palais à Paris, fermé pour travaux, ni dans quelque autre endroit du monde réel de la capitale, mais "en ligne", in line, virtuellement. Jusqu'au dimanche minuit de cette fin de semaine, il était possible gratuitement - ce qui est à souligner au regard de la cherté du billet d'entrée au saint des saints en des temps hors pandémie -, de voir une sélection d'oeuvres choisies parmi des centaines de galeries, présentées pour certaines par des commissaires d'exposition et directeurs d'institution. Emma Lavigne pour le Centre Pompidou, Jean de Loisy, etc. 

Un plaisir cette déambulation en ligne, à condition d'être munie d'un ordinateur à l'écran assez grand pour apprécier les photographies des oeuvres en pleine pages. Surtout des découvertes, ou des revisites d'artistes célèbres, lors de cette promenade au fil des galeries, à enfiler au fil de bonnes pioches dans l'ordre alphabétique de leur présentation, ou en se laissant guider par les parcours choisis par les commissaires invités. Bien plus démocratique que les éditions in situ, cette façon de profiter des oeuvres m'a enthousiasmée, doublée du plaisir et du stress du "je n'arriverais pas à tout voir", déjà à l'oeuvre quand en marche le long des allées surchauffées et surpeulées de la FIAC en majesté sous la verrière du Grand-Palais, qui se refait une beauté, ne lui demandez plus rien pour le moment (à part de servir d'écrin de la dernière Ronde de Boris Charmatz, ballet schnitzlérien de duios à voir sur la  Cinq).

Comme d'hab, pour tout ce que je fais, j'ai allumé l'ordi à neuf heures du soir, après une longue marche découverte en solo de la promenade de la Coulée verte (Vallons de la Biêvre), au sud de Paris, le plein de verdure linéaire partagée avec une foule de vélos et d'autres promeneurs du dimanche, le long des pavillons en meulière et résidences standing de Malakoff, Antony, Fontenay-aux-Roses. Me promets de gagner le parc de Sceaux par cette voie verte une autre fois, en attendant m'allonge les jambes pour un repos bien mérité après ces km de nature semi-urbaine pour m'octroyer avec gourmandise un moment de "Connaissance du monde" de l'art, cf ces projections cinématographiques en salle pour happy few que nous rations constamment à Libourne, pays et contrées lointaines pas pour nous simples sédentaires avec pour tout horizon la trinité familiale Gironde-Lot-et-Garonne-Deux-Sêvres. Là je suis grande et indépendante, et m'estime pour une fois assez cultivée et connaisseuse (m'en fais accroire, de ces choses)  pour taper dans la barre de recherche Google l'adresse de la FIAC 2021, un lieu que je n'ai pas fréquenté depuis des années car à la fois  trop grand, trop fatigant, trop cher, et finalement bien vain au vu de l'usage que j'en fais, avec ma mémoire à trous et ma condition très lointaine de ce milieu, en bonne truie qui doute me sentant plus proche du cochon que de l'art. Mais là, l'occasion est trop belle, vite vite je n'ai que trop tardé pour m'immiscer dans les galeries (qui entre nous sont ouvertes, ou l'étaient à Paris jusqu'au troisième confinement (en plein air) de cette fin mars.

Pendant deux heures je vais ouvrir avec bonheur en grand mes yeux et mes oreilles sur le site de la FIAC 2021 en ligne, en travers et en galopant, et sans rien approfondir, juste un parcours léger et furtif comme mes anciens passages sur la moquette des galeries encloisonnées à ciel ouvert de verrière 1900, entre les cloisons des galeries surchargées de cadres, me frayant un passage entre le public plus raffiné et déjanté que moi (il faut s'habiller pour aller à la FIAC, ne pas faire plouc, là je suis encore en treillis de rando et en polaire kaki, tranquille mimile au pays des oeuvres d'art pour millionnaire). Je ne peux pas plus les toucher qu'en vrai, mais finalement les photos qui se laissent zoomer au plus près du reflet de lumière permettent tout à fait d'apprécier les oeuvres, d'entrer dedans et de s'en laisser pénétrer, par le microscope du grain laissé par la brosse ou le poli du métal, par la caresse et l'éclat de la couleur ou le tranchant de la forme. 

Et toute cette régalade, presque oubliée après tous ces mois sans musée (que n'ai-je été traîner un peu dans les galeries, toute obsédée par les GR que je suis devenue), à profusion et à loisir, permis d'y passer tout le temps qu'on veut (mais le compteur tourne, à minuit la Cendrillon de l'art contemporain risque de se retrouver pieds nus sur les marches du grand palais) ; sans risque de gêner un public impatient par sa présence trop longue devant une oeuvre  mais (pas plus que moi, si ? (car la fatigue m'a pris au bout des  centaines de clics poussés vers les liens offerts vers des sites de galeries que je n'aurais jamais pensé visiter, des lieux du monde entier, avec photos de leurs espaces et de leur accrochage, et du détail des oeuvres présentées, clics aussi sur des conférences, des entretiens, des vidéos...

Le parcours de cette Fnac en ligne est multiple, plein de chemins, et finalement un nombre d'oeuvres bien inférieur à la pléthore présentée habituellement dans la plus célèbre foire d'art contemporain au monde (à moins que ce ne soit la Biennale de Venise, la Foire de Bâle ?). Comme dans une petite ville, on retombe au fil des circulations sur les mêmes oeuvres, on reconnait les siens, on mémorise des noms. on oublie aussi ce qu'on a déjà vu dans ce grand Mémory de l'art contemporain, bestiasse tu as déjà cliqué trois fois sur la galerie Jeanne Bucher tu ne te rappelles pas ?).

Je ressens un plaisir fou devant nombre de pièces, malgré avoir lu les réjouissants et consternants requins de Jean-Gabriel Fredet, un essai de 2019 sur la dérive de l'art contemporain, vers (que je crois !  et ri (et m'être sentie plus informée, pas si dupe, comme avertie-je sais des choses _ vite oubliées). Je sais maintenant que la très réac Nicole Esterolle est le pseudonyme de Pierre Souchaud, octogénaire galeriste et peintre lyonnais, ancien directeur de la revue "Artension". Pourquoi un nom de femme (censée être plus fine mouche ?), et "Nicole" ce prénom daté fleurant la boomeuse ? Son "ABC outrancier de l'art contemporain" regorge d'emportements définitifs et outranciers. Il perd pour moi toute légitimité au regard de la pauvreté des oeuvres plastiques de son signataire, des  formes cubiques ou géométriques dans des tristes gris beigeasses, rien d'émouvant ou de transcendant, il est même permis de leur préferer les ballons irisés et joyeux de Jeff Koons, l'affeux Satan tant décrié. Aude de Kerros, même combat, en plus étayé que la prose fulminante de sa copine Nicole. Je connais ces deux pourfendeuses de l'art con-temporain (pour elles) par les citations d'icelles transmises par mon ennemie perso sur ses réseaux, une artiste peintre chère au coeur de mon mari, une vieille copine de lycée retrouvée qu'il aurait bien voulu revoir de très près. La peintresse aimée par mon époux volage, frénétiquement stalkée par mes soins depuis la fin de leur petite aventure extra-conjugale il y a six ans (la rémission semble assurée), montre une parfaite allégeance aux dires et opinions de Aude de Kerros et Nicole Estérolle, et autre radio-courtoisants. Cela suffit amplement à me rendre antipathiques ces critiques d'art, malgré le bien fondé de certains de leurs propos, quand elle ne confondent pas la peinture du dimanche et des bouquets de fleurs bien faits (ou des singes confinés) avec les éclairs lancés par d'autres artistes, même estampillés officiels ou atteignant des côtes de footballeurs qataris. L'art officiel, voilà l'ennemi, dixit ceux et celles qui rêveraient d'en être, sous leur propos moisis. Dans "Requins, caniches, et autres mystificateurs" chez Albin Michel, ceux de Jean-Gabriel Fredet m'apparaissent bien plus objectifs, et souvent fort réjouissants. Je conseille son livre pétri d'érudition et d'ironie à tout amateur d'art contemporain ; bien introduit dans ces milieux il ne procède pas à apparemment à des règlements de compte mais affirme des faits et démonte des mécanismes. Et n'a surtout  jamais été cité sur la page Facebook de la peintresse de mon mari, je vois donc en lui un très correct regardeur d'art contemporain. 

Donc c'est en toute connaissance de cause, ou de rien, on s'en fout, que j'ai regardé et cliqué à tout va sur les allées de cette réjouissante FIAC en ligne, qui s'est éteinte à minuit du dimanche 7 mars comme prévu, ne me laissant pas si démunie car j'avais enregistré quelques images parmi sa profusion, et les voici. Oeuvres de Sadie Benning, Philippe Parreno, etc. Les noms des artistes sont à lire sur l'adresse url de la photo, grâce à un clic droit, enfin j'imagine et je n'irai pas plus loin, bien trop flemmarde. Ni critique d'art ni passeuse, juste receleuse de quelques clichés d'oeuvres bien faites, porteuses de sens ou d'émotion, pour faire vibrer un soir de mars après le couvre-feu, et faire briller l'époque du savoir-faire des artistes, ces chanceux qui savent créer des bouts de monde, et aussi d'avoir été repérés et désignés comme intéressants, et représentatifs d'une époque, d'une année, par l'institution officielle, merci à elle.

Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne
Images de la FIAC en ligne

Publié dans dans l'art

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article