America latina, photographies, 1960-2013, à la Fondation Cartier

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

America latina, photographies, 1960-2013, une expo qui vient de se terminer à la Fondation Cartier, 261 boulevard Raspail, Paris 14e.
La fondation, dans son écrin de verre qu'est le très beau bâtiment tout en transparence de Jean Nouvel, construit en 1994, l'architecte a aussi construit le musée du Quai Branly, l'IMA, porteur du projet du Louvre Abu Dhabi.
Problématique générale, dense et riche, plus de 70 artistes, centaine d'oeuvres, volonté d'embrasser tout un continent dans sa diversité. Enjeux clés : la photo n'est pas prise dans son sens restreint, mais saisir tous les usages possibles à partir du medium : performances, collages, art conceptuel...
Angle d'approche des commissaires d'expo : forte interaction image-texte. Grande importance du texte, certains artistes ont une proximité avec la littérature, poètes...Beaucoup ont produit dans l'urgence, il existe une forme d'efficacité directe et parlante. Marier texte et image pour augmenter l'impact des photos, le résultat de l'engagement des artistes, pas des "jolies photos" clichés de l'Amérique latine mais le fer de lance le plus politisé de cette même Amérique.
Message à faire passer, ouvertement politique, contribution apportée, dans le cadre de débats politiques, sociaux et culturels. Bornes chronologiques : 1959-2013, cadre de bouleversements politiques, 1959 est la date de la révolution cubaine.
Plan thématique de l'expo, quatre grandes thématiques récurrentes chez les artistes, réparties en quatre sections :
1/ Le territoire , et les questions identitaires culturelles et sociales. Cohérence, unité, diversité.
Régina Silvera (?) : grand puzzle, les pièces représentent l'ensemble du continent, sur chacune d'entre elles figurent des images de carte postale, des clichés envahissant l'inconscient collectif quand on parle d'AL : Frida Kahlo ; Fidel Castro ; le Che etc. des images stéréotypées. Les morceaux sont brouillés et mélangés, l'ordre des pièces n'est pas figé et change quand une nouvelle exposition a lieu. L'identité du continent est elle même en perpétuelle évolution et mouvement, questionnement sur elle même. Message : l'Amérique latine, qu'est ce que c'est ? Une notion européenne tout d'abord, née au Second Empire, diplomatie autour de Napoléon III. L'Amérique latine a été inventée par des non latino-américains, autour d'idées européennes, comme le catholicisme.
Encore aujourd'hui un continent qui se cherche, en soi même s'inventer un destin commun et une cohérence, un avenir. Les pièces manquantes du puzzle font respirer l'oeuvre pour que l'avalanche d'images ne soit pas trop indigeste. Les trous noirs dans le puzzle de l'Amérique latine sont les enjeux de la mémoire, des zones d'ombre à remplir, orientées vers l'avenir, avec de nouveaux ciments de cohésion.
Anna Bella Geiger, photographe conceptuelle, artiste vidéo. Mouvement apparu dans les années 60 70, fondé sur l'idée que le support objet n'est pas important, ce qui compte c'est l'idée qui sous tend, le support peut être pauvre, sans qualité esthétique. Souvent nébuleux. L'oeuvre : un triptyque sur les populations indiennes qui vivent au Brésil, cartes postales pour touristes, petites, Indiens vus sous un jour optimiste, le mythe du bon sauvage. Cache misère, ce n'est pas la réalité. Dénonciation du décalage entre la propagande et la réalité du mode de vie des Indiens. Beaucoup d'entre eux vivent dans la précarité, la marginalité. Le support est pauvre, le vocabulaire plastique restreint, mais tout un discours derrière.
Claudia Andujar, photographie les communautés indiennes vivant en autarcie dans le territoire Ialémani. Toujours en connexion avec ce que vivaient leurs ancêtres. Découverte il y a peu de la richesse du sous sol en matières premières. La ruée vers celle ci provoque tout un tas de maladies inconnues avant. Crise humanitaire grave, des campagnes de vaccination lancées en parade. C. Andujar photographie les Indiens qui étaient vaccinés [les ancêtres ?], x degrés de lecture, qualités esthétiques, magnifiques portraits à l'éclairage soigné. La survie des communautés dépend de leur inclusion dans le système. Marquer des individus par le vaccin, volonté d'assurer leur survie physique. Le père de l'artiste, juif, photographe lui aussi, est mort dans les camps pendant la Guerre. Là bas, marquage pour tuer, ici pour sauver.
Elias Adasme présente des photographies évoquant la dictature de Pinochet au Chili. L'artiste se met lui même en scène, art corporel : tête en bas attaché par les pieds, à côté de la carte du Chili, tout en longueur verticale, comme le pays. Mise en scène de la souffrance physique du peuple chilien dans ces années sombres. Photo ici comme art de performance. L'artiste a placardé des affichettes de ses photos en ville, avec les lieux d'affichage, on frôle le street art, intervention dans le paysage urbain : test de la censure, de l'omerta. Note : "5 horas...", combien de temps restent les oeuvres en place ? (de 1 mois à 30 mn). Une photo avec la projection de la carte du Chili sur son corps, dos nu, le long de sa colonne vertébrale.
2/ La ville : une carte montre la prodigieuse explosion urbaine qu'a connu le continent latino américain ces dernières décennies, croissance urbaine explosant, 80% taux d'urbanisme, le continent est devenu très urbain brutalement. Villes réceptacles des problèmes éco-sociaux et politiques, extraordinaire pauvreté, explosion des inégalités, des précarités. Omniprésents dans le décor urbain, les immeubles sont devenus la vitrine de ces problèmes sous jacents, la ville est la métaphore des tensions et contradictions minant la société latino américaine.
Faumdu de Zuyrinia (Argentine) : quatre photos devantures magasins, rideau de fer fermé évoquent la crise économique argentine. Bouts de décors urbains symboles de la crise traversée par le pays, le décor urbain en dit long sur la réalité.
Paolo Gasparini (Venezuela), présence du texte dans l'image. A Caracas, même motif vus sous des angles décalés, dans le paysage urbain, essor accéléré des enseignes publicitaires, en lien avec la manne pétrolière, invasion du consumérisme et la publicité. La société de consommation envahit les villes, on dirait des collages, mais naturels. A l'échelle mondiale la pauvreté recule mais les inégalités se creusent, à cause du succès des doctrines néo libérales dans les années 80. Développement économique mais réduction du rôle de l'Etat. Gasparini montre des quadriptyques où se lit une pauvreté sordide, vs des quartiers d'affaires florissants : notion de contraste dans les villes.

José A. Figuera (Cuba) tourne en dérision la propagande castriste. Exemple : étudier est un devoir de révolutionnaire, la ponctuation du devoir est fantaisiste


to be continued, vero

Publié dans dans la photographie

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