Un jour au musée avec les Bidochon, à Lyon et à Caen

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

 

 

   Un jour au musée avec les Bidochon, par Binet, Ramade, Lacôte, savoureux livre d'art et aussi de bande dessinée, paru chez Fluide glacial, qui permet et c'est toujours à prendre de se payer une bonne tranche de rigolade, cette fois ci grâce aux brèves de comptoirs muséales de Raymonde et Robert. Promus visiteurs de musée pour la première fois de leur vie (vérifier dans les albums ?), quasiment assoiffés de culture, les anti héros de Binet ont des airs de Bouvard et Pécuchet et constituent un couple de néophytes icônoclastes impayables, qui disent tout haut les pires horreurs dans le genre de ce qu'il ne faut pas dire au musée.

Ils sont presque pleins de bonne volonté pourtant nos deux regardeurs, mais visiblement ils n'ont pas les clés pour comprendre l'Art. Le couple Bidochon profère ses remarques aigres-douces et toujours à côté de la plaque à propos de tableaux de Brueghel, Manet, Bacon, Soulages entre autres, ça se passe dans un musée sinon "idéal" du moins hybride, entre Seine, Rhône et Saône.

La photographie de l'oeuvre et le dessin de Binet mettant en scène les néo critiques d'art sont en vis à vis, deux pages en regard. Sur les deux pages suivantes, les commentaires plus sérieux de conservateurs de musée donnent un tout autre éclairage sur les oeuvres malmenées par l'humour involontaire du couple franchouillard. Leur créateur propose aussi une oeuvre à lui, un Saint-Jérôme improbable signé Binet, non reproduit ici.

La beaufitude bien connue des Bidochon, ici s'en prenant aux beaux-arts, fait mouche à presque tous les coups, et j'ai eu envie de recopier ici leurs dialogues Bidonnants, pour m'en souvenir. J'ai bien ri, et surtout appris plein de choses sur la vingtaine d'oeuvres rapidement regardées par le couple le plus franchouillard de la BD, dans un musée imaginaire qui rassemblerait les collections des musées des beaux-arts de Caen et de Lyon, et ainsi tiendrait à la fois du pays du camembert et du saucisson (donc on ne peut plus français, même si nombre d'artistes sont étrangers), situé à mi chemin des capitales de la dentelle et de la soie.  

Binet Ramade Lacôte, trois noms d'auteurs accolés, sans les prénoms, le livre a l'aspect d'une BD et on dirait bien un nouvel opus des aventures des plus célèbres beaufs de France, en dépit d'un format plus petit et épais. Ca n'en est pas une mais un livre d'art à mettre entre toutes les mains. Sur la jaquette illustrée en couleurs, Robert laisse glisser dans un phylactère s'élevant au-dessus de son béret un désabusé : "Je sens que je vais me faire chier !". Nous non, ça ne risque pas, on s'en doute déjà. Le gros aux bretelles est assis sur un banc de musée, l'air las, la tête dans la main, tandis que Raymonde lui tourne le dos, admirant un tableau évanescent (invisible sur la couverture N&B). Pour compléter son propos, sur la page de titre : Robert, l'air ahuri s'affole : "En plus, y a que des tableaux !!!".

Raymonde lui jette un regard noir, y a de quoi non mais allo quoi !

 

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Alors, un nouvel album des Bidochon ? Non, pas tout à fait, pour ce qui est des auteurs, comprendre entre les lignes : Christian Binet (père des Bidochon), Patrick Ramade, conservateur du Musée des beaux arts de Caen (situé dans "le Château" de Guillaume le Conquérant) et Pierre Lacôte, médiateur au service culturel du Musée des beaux arts de Lyon (situé place des Terreaux, toujours magnifié et à l'honneur pendant la Fête des lumières).
Plutôt un album d'art et d'humour, faisant le tour des tableaux les plus célèbres des musées de Caen et de Rouen, sélectionnés par Binet et vus à travers les yeux mi-clos de Robert et Raymonde, puis par les conservateurs des deux musées, qui nous ouvrent plus grands, les yeux.

Quelques extraits plus ou moins remaniés des commentaires plus ou moins didactiques figurant dans l'ouvrage, sur les oeuvres suivantes, par ordre d'apparition. Ceux made in Bidochon, rectifiés par les conservateurs, à eux de nous remettre sur les rails, une fois qu'on a bien rigolé, sacrés Robert et Raymonde !


Camille Corot (Paris, 1796-1875) : Les chevriers des îles Borromées ou les Chevriers de Castelgandolfo (1866, huile sur toile, Caen)

 

 

Raymonde : Elles sont bien les chêvres sous les arbres ! [on en devine à peine une minuscule]


Robert : Les chevriers aussi ! ils en foutent pas une rame ! (air dédaigneux des deux époux)

 

Pablo Picasso (Malaga, 1881-Mougins, 1973) : Femme assise sur la plage (1937, huile, fusain et pastel sur toile, Lyon)

 

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Robert, grinçant des dents : Franchement, il aurait pu attendre deux secondes qu'elle ait fini de retirer le sable de ses doigts de pied avant de la peindre !

 

Théodore Géricault (Rouen, 1791-Paris, 1824) : la Monomane de l'envie ou la Hyène de la Salpêtrière (1819-1820, huile sur toile, Lyon)
 

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Robert (yeux mi clos, l'air battu et sinistre) : Je sais pas de quoi elle a envie, mais elle a sacrément envie !

Raymonde : Tu sais, c'est long les séances de pose !

 

"Monomane", le mot correspond aux classifications des aliénistes, ancêtres des psychiatres, et signifie "folie" pour une chose particulière (cf. "pyromane"). Plus qu'un constat mental, le désordre des vêtements et de la coiffe montre une volonté de réalisme puissante. Géricault élevait les anonymes au premier rang, comme les inconnus malheureux du Radeau de la Méduse. Etonnant intérêt pour le peuple de la part d'un grand bourgeois. 4 autres tableaux répartis dans différents pays (Paris, Gand, Winterthur et Springfield) complètent ce portrait, tous affublés d'une monomanie particulière, mais les titres furent donnés après la mort du peintre (Le monomane du commandement militaire ; du vol ; du jeu ; du vol d'enfant). Ces portraits tous auréolés de mystère après la mort dramatique du peintre d'une chute de cheval à 34 ans. La légende prétend qu'il y en a cinq autres ! [excellentes pages sur Géricault à rechercher dans un roman de Fr. Weyerganz, à moins que ce ne soit J. Garcin, ou J.-P. Kaufmann ?]


Pieter Brueghel le jeune, dit Brueghel d'Enfer (Bruxelles, 1564-Anvers, 1638) : Le paiement de la dîme ou Le dénombrement de Bethléem (XVIIe siècle, huile sur toile, Caen)
 

Raymonde, interdite : J'arrive pas à trouver où est la sainte famille ! [tableau vu façon Où est Charlie, Where's Wally en anglais]
Robert, fâché : Le musée aurait pu mettre une flêche !


Grand écart entre le titre de l'oeuvre et ce qui est donné à voir : le spectacle fascinant d'un village hollandais sous la neige, loin du sujet religieux donnant son nom au tableau. Le génie de Brueghel, représenter un épisode de l'histore sainte comme s'il s'était déroulé à une époque moderne, dans un village du Brabant, soit au XVIe siècle dans l'Europe du Nord,  chez lui,  avec Marie et Joseph en paysans soucieux d'aller se faire enregistrer au bureau de recensement. Procédé cinématographique du point de vue surélevé, vaste composition de scènes multiples décrites en détails savoureux, véritable inventaire des activités paysannes du coeur de l'hiver. Grand succès rencontré auprès du public de l'époque pour cette façon de raconter la grande Histoire, la descendance de Brueghel le Vieux (ou l'Ancien, 1525-1569) a travaillé dans les pas du génial ancêtre, dynastie d'artistes réinterprétant et modifiant ses compositions et ses créations sans jamais vraiment les copier.


Francisco de Zurbaran (Fuente de Cantos, 1598-Madrid, 1664) : Saint-François (vers 1650/1660, huile sur toile, Lyon)

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Raymonde : C'est pas lui qui parlait aux , oiseaux ?
Robert, goguenard : Si ! Mais quand ils l'ont vu, crois-moi qu'ils ont dû tous se barrer !

 

Gustave Courbet (Ornans, 1819-La Tour de Peilz, 1877) : La mer (1872, huile sur toile, Caen)

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Robert, seul, les mains dans les poches, bouche pincée : Le temps est couvert, la plage est moche et y a même pas de buvette !!
plus bas (police de caractères plus petite, non gras) : En plus, c'est mal cadré !!


Marine peinte de mémoire pendant les six mois de prison de Courbet que lui valurent ses sympathies et activités pendant la Commune de Paris, mois suivis d'un séjour en clinique. Courbet séjourna sur la côte Normande en 1865-1866, suivra une longue série de paysages de mer, jamais exécutés sur le motif mais à l'atelier. Composition originale du tableau, de petites dimensions : aucune présence humaine, aucun détail anecdotique au premier plan, la plage est déserte et la ligne d'horizon exceptionnnellement basse. La peinture se concentre pour l'essentiel  sur le ciel, nuageux et nuancé (Courbet admirait Boudin, qu'il qualifiait de "roi des ciels"), réalisé d'un pinceau léger et subtil, alors que la mer et le sable sont travaillés au couteau à palette, la couleur comme une matière solide. Fascination pour l'horizon marin, héroïque et universel, remarquablement retranscrits malgré des conditions de création extrêmes, l'enfermement.


Pierre Soulages (Rodez, 1919) : Peinture, 7 juin 1974 (1974, huile sur toile, Caen) 

[géométrie du tableau, bandes peintes en noir contrastant sur un fond jaune doré lumineux ]

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Robert, montrant les dents : J'aimais mieux la couleur d'avant !
Raymonde, pareil : Oui, le jaune c'est plus gai pour une chambre à coucher !
 

 

Considère que le travail de l'artiste est déterminé par le choix du matériau, et par l'outil, Soulages renonce aupinceau etadopte des outils de peintre en bâtiment. Le noir devient son unique moyen d'expression, à partir de 1979 il s'approprie cette couleur comme une peinture-matière dont les accidents de surface renouvellent indéfiniment l'oeuvre sous l'effet de la lumière.


Henri Fantin-Latour (Grenoble, 1836-Buré, 1904) : La lecture (1877, huile sur toile, Lyon)
 

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Robert, toutes dents dehors : On a la même descente de lit à la maison !
Raymonde : Oui, c'est un produit qui ne se démode pas !



Quentin Metsys (Louvain , vers 1465-Anvers, 1530) : Vierge à l'enfant entourée d'anges (1509, huile sur bois, Lyon

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Raymonde, se tournant vers Robert, toujours aussi peu réceptifs : Je croyais qu'il était né dans une étable ?
Robert : Oui ! Mais il peut faire ce qu'il veut avec ses miracles !


A noter : la disproportion entre la main de l'enfant par rapport à celle de sa mère, pour attendrir le regard, le décor architectural et décoratif luxueux, inspiré par le choeur de l'église de Louvain. Caractéristiques d'une oeuvre de la Renaissance : espace tout en profondeur rendu par les lois de la perspective, point de fuite derrière le corps de Marie, l'oeil du regardeur peut prolonger les lignes des colonnes, chapiteaux... : innovations renonçant aux codes du Moyen-Age, où l'espace est soumis à l'importance des personnages, montre que les peintres flamands ont intégré rapidement les apports de l'Italie. remarquer les enfants à peau de marbre qui tiennent une guirlande de fleurs et de feuilles, en haut des chapiteaux, au dessus de Marie et Jésus : beauté des fleurs, parfums délicats, allusions aux qualités de la Vierge. Une inscription en latin sur l'arc de la voûte fait référence à la reine du ciel.

 Pierre Bonnard (Fontenay-aux-Roses, 1867-Le Cannet, 1947) : Portrait de Mme Henri-Jean Arthur Fontaine (vers 1925-1930, huile sur toile, Caen)
 

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Raymonde, pas contente : Qui c'est cette madame Fontaine ??
Robert : ... ?? Peut-être la femme de ce monsieur Bonnard ??



Edgar Degas (Paris, 1834-1917) : Danseuses sur la scène (vers 1889, huile sur toile, Lyon)
 

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Raymonde : Ca doit pas être facile de marcher sur des pointes !
Robert : Ca dépend ! Regarde les fakirs !

[et là, y voir une synchronicité ou non, mais c'est pas tous les jours qu'on voit écrit le mot "fakir", j'ai embrayé jusqu'à 2 h du matin sur la lecture exhaustive du bon polar éponyme, à un s près, "Fakirs" d'A. Villette, qui traînait  sur des pointes dans ma PAL de chevet depuis trop longtemps ; là aussi galerie de portraits digne d'un musée des horreurs]
 

 

Louis Janmot , (Lyon 1814-1892) : Fleur des champs (1845, huile sur bois, Lyon)
 

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Raymonde, à Robert : Fais-moi penser à acheter du terreau !


Référence à une tradition lyonnaise : la peinture de fleurs, influence directe des beaux-arts sur l'industrie spécialisée de la soie. Le directeur du musée avait acquis des oeuvres de peintres flamands et hollandais, spécialistes de la peinture de fleurs minutieuse et raffinée, pour servir de modèles pour les peintres de fleurs et les ateliers de tissu, fournissant des motifs aux fabricants des étoffes de soie. Louis Janmot est un des représentants les plus remarquables de l'école lyonnaise de peinture du XIXe siècle. Ici la beauté du modèle évoque les visages magnifiés par la Renaissance, équivalences entres les rouges et les verts des étoffes et ceux des fleurs et de leurs feuilles. On reconnaît coquelicots, aubépines, boutons d'or, liserons, paquerettes, bleuets, sur fond d'Alpes, panoraa caractéristique du paysage lyonnais vu de la hauteur des collines. Trois genres se croisent, portait, paysage et nature morte.


Frans II Franckent (Anvers, 1581-1642) : Les esclaves des fureurs de l'Amour ou Triomphe de l'Amour  (vers 1627, huile sur bois, Caen)

Raymonde, joignant les mains, éperdue d'admiration : Aaaahhh l'amour !
Robert, un pas derrière, grinçant : Oui ben... Va falloir être patiente, parce que y a du monde !

 

Edouard Manet (Lyon, 1814-1892) : Portrait de Marguerite Gauthier-Lathuille (1879, huile sur toile, Lyon)
 

 

Raymonde : Il paraît que Manet a été refusé partout de son vivant !
Robert : Alors que maintenant on le voit sur toutes les boîtes de gâteaux !


Jan Asselijn (Diemen, vers 1615-Amsterdam, 1652) : Paysage au moulin à eau(XVIIe siècle, huile sur bois, Caen)

 

Robert, agitant la main : Ca doit pas être donné une baraque pareille !
Raymonde : Y a même pas l'électricité !
Robert : Non, mais ils ont l'eau courante !  [cascade]

Frans Floris (Anvers, entre 1516 et 1520-1570) : Portrait de dame âgée ou La femme du fauconnier (vers 1558, huile sur bois, Caen) 

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Robert, les mains dans les poches : J'ai l'impression qu'elle a encore grossi ! [bien charpentée, plastronnant sous sa coiffe]
Raymonde, débordant derrière son sac à main : Ca doit être la nourriture du musée !


Rogier van der Weyden (Tournai, 1399/1400-Bruxelles, 1464) : La Vierge et l'Enfant (entre 1445 et 1460, huile sur bois, Caen)

 

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Robert : Elle est jolie cette dame ! Dommage qu'elle ait une inflammation des amygdales ! [la Vierge donnant un sein étrangement petit et haut placé à l'Enfant Jésus]
Raymonde : C'est pas une amygdale !


Michel Jansz van Miereveld (Delft, 1567-1641) : Portrait de femme (1625, huile sur bois, Lyon)

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Raymonde : Ca doit être difficile à faire toute cette dentelle !
Robert : C'est pour ça qu'il y en a qui peignent des nus !

Remarquable fraise en dentelle sur trois étages, très travaillés, empesés, l'ensemble maintenu avec des fils de fer très légers et invisibles. Emploi du clair obscur, ce contraste plus ou moins important entre l'ombre et la lumière, ici le teint très pâle du visage émerge littéralement des vêtements noirs. La source de lumière, toujours celle du jour, préférée à celle jaunissante des bougies, vient systématiquement de la gauche. Une inscription à peine visible placée devant la signature du peintre indique que la femme avait 28 ans, son identité est restée ignorée. Le portrait de son époux devait figurer à côté du sien, elle à gauche et le mari à droite. La richesse de la personne ne fait aucun doute, bracelets de perles, bagues à cabochons de pierres précieuses, et un éventail de plumes noires, objet de distinction au XVIIe, le siècle d'or de la peinture hollandaise (le genre du portrait est roi, d'abord réservé à la noblesse, puis par la bourgeoisie fortunée), celle de la République batave des sept provinces unies du nord à majorité protestante, versus la peinture flamande des provinces méridionales des Flandres à majorité catholique (séparation des anciens Pays-Bas espagnols en deux parties).


Francis Bacon (Dublin, 1909-Madrid, 1992) : Etude pour une corrida, n° 2 (1969, huile sur bois, Lyon)

Robert : Je vois bien le jaune des oeufs, mais où tu vois du bacon, toi ???


Bacon admirait Picasso et Goya, et avait la passion de la corrida. Style du peintre reconnaissable immédiatement : aplats très homogènes, ici jaune orangé et violet clair, contrastant avec des effets de matières très chargées. Comme dans certains autoportraits, le visage du torero part en ronds comme s'il était aspiré. Foule au fond, fascinée par le spectacle de la cruauté humaine, brandissant peut-être un étendard nazi. Grande flaque de sang qui coule hors champs, sur nos pieds. Ambiguïté rapports homme-animal, qui ne font qu'un.


Dernière planche de Binet, 4 vignettes où on voit Robert et Raymonde de retour du musée, en voiture, Robert au volant :


Raymonde : alors ! Tu vois que finalement ça valait le coup
Robert : J'ai adoré !

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Robert : J'avoue qu'au début, je pensais que dans leurs vêtures analogiques les peintres ajustaient une vérité où l'informulé cisèle la ressemblance ! Alors qu'en fait, la vraie fonction de la peinture, sans tomber dans des surenchères idéologiques, c'est de pourfendre les impostures d'une société veule et indifférente ! (...) Ensuite, tout est devenu plus clair !

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Robert : Je sais à présent qu'un peintre cherche sa vérité dans la crudité de l'impératif psychique plutôt que dans la clarté de l'exutoire !

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Robert : Enfin bon... Je suis pas spécialiste ! (Raymonde se détourne, air accablé)


En note de bas de page : les propos de Robert sont extraits de livres d'art


On en tient un bon avec celui là, de livre d'art, très amusant par l'utilisation du fil conducteur des cases de BD de Binet, les dessins et commentaires mal-t-à-propos des Bidochon venant en contrepoint des commentaires des deux conservateurs sur des oeuvres remarquables des collections dont ils ont la charge, à Lyon et à Caen. Ces petits éclairages et focus sur des oeuvres et des artistes très connus, gloires des musées où ils sont conservés, le didactisme, la facilité d'accès et la simplicité du propos, transmettant l'essentiel à savoir sur l'oeuvre et l'artiste montré, complétés par une mise en relation avec d'autres oeuvres, rendent remarquable cette vraie fausse BD, à offrir aussi bien aux amateurs d'art que ceux du 9e. (le 8e ???). Ici, premier, et de la classe.

Publié dans dans l'art

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