Juliette et Roméo / Yves-Marie Clément

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

Yves-Marie Clément  Juliette et Roméo

Yves-Marie Clément Juliette et Roméo

LE MUSCADIER

(Rester vivant)

  Yves-Marie Clément :

  Juliette et Roméo. 2019

  ISBN 979-10-96935-31-4 : 12,50 EUR

A partir de 12 ans

 

Réédition, précédemment publié au Seuil en 2009 dans la coll “Karactère(s)”

 

Roméo est un bagnard de 22 ans. Il rencontre un soir Juliette ; les deux jeunes gens tombent aussitôt amoureux et se marient en secret. Mais les événements à venir vont empêcher leur amour. Réécriture de la pièce de Shakespeare. [source Editeur]

 

Romantisme endiablé, jamais loin de la mièvrerie, donc assez loin de Shakespeare au bout du compte. Prévisible, même si on n’a pas lu ou vu la pièce… Se passe en Guyane, pendant la Première Guerre Mondiale. Restitue un semblant de l’ambiance plombante  régnant entre les soldats chargés de faire régner l’ordre au bagne, tout en édulcorant le sujet, noyé sous des flots d’amour impossible. Style aussi empesé que le costume militaire et la robe en dentelle des héros énamourés, à peine émouvants, et pourtant l'auteur s'est donné du mal. Harlequin au bagne.

 

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J'ai écrit cet article en août 2019, je l'ai masqué longtemps car oui ma critique était rédigée à l'emporte pièce, assez injustifiée et gratuite, comme l'a déploré sèchement l'auteur en commentaire ici même. En juin 2020, à l'heure de m'arrêter d'écrire des critiques de roman jeunesse, je tombe les masques en remettant article et commentaire à l'air libre et baisse les armes. Je concède volontiers que ce roman n'avait vraiment rien de honteux et que je devais être bien mal lunée pour l'avoir descendu en flèche ainsi. D'ailleurs, venant de voir en différé à la télé une représentation de "Roméo et Juliette", mise en scène par Eric Ruf, je constate que la pièce n'est vraiment pas ma préférée de Shakespeare. On peut la mettre à toutes les sauces, guyanaise ou sicilienne, elles se valent bien. (Juliette en gisante debout dans son tombeau à Palerme, costumée par Christian Lacroix). La mise en scène du Français ne rendait pas spécialement meilleur hommage au drame mythique, avec sa scène de balcon bien trop prise de risque pour la comédienne S. Brami, et son parti pris de drame italien néo-réaliste, même si le bel canto napolitain et le bal étaient du meilleur effet, vive MC Serge Bagdassarian en monsieur le curé chemise ouverte et soutane virevoltante. Il est permis quand même de préférer aux roucouleurs love at first sight les vieux rois ou les princes pervers du grand William.

Alors oui j'ai été bien méchante envers ces Roméo et Juliette réinventés sous les tropiques, en butte aux haines recuites de leurs parents tauliers ou autres officiers galonnés, et j'ai été grondée par l'auteur de l'avoir été autant envers son roman qui ne démérite pas tant que ça, on lit tellement pire... Historique et romanesque, ses amoureux tragiquement sentimentaux sous les tropiques sont bien dépeints tout de même, mea culpa. C'est pas le bagne de leur jeter quelques fleurs à ces jeunes gens, que l'auteur a le mérite de ne pas faire parler en langage SMS (qui serait anachronique, je sais), mais dans une langue soutenue, ce qui n'est plus si fréquent. Et j'avais bien aimé un autre roman d'Yves-Marie Clément, "Moins que rien", qui avait pour cadre Haïti et pour héroïne une "Lapourça" émouvante et passionnée. Avant de se fâcher à nouveau que l'auteur relise ma critique d'alors, début 2018, qu'il avait d'ailleurs diffusé sur sa page Facebook (mais pas cet article-ci, c'est curieux ;).

C'est sans doute que mon esprit critique d'alors était frais encore et plein de bonne volonté et de bienveillance. Un an et demi plus tard de lectures jeunesse pas toujours satisfaisantes, il faut croire que j'étais devenue un brin aigrie face au constat d'une certaine médiocrité des romans pour la jeunesse, et démobilisée pour en défendre la cause, en venant à ne plus voir leurs vraies qualités parfois. De toute façon, dès que ça parle un peu trop d'amour je sors mon revolver, à Roméo et Juliette j'ai toujours préféré la Mégère apprivoisée ou Lady Macbeth.. Le livre d'Y.-M. Clément n'est peut être pas très original mais loin d'être aussi mièvre que je voulais bien le dire. A y réfléchir un peu plus avant cette revisite guyanaise de l'homme mystérieux de Stratford on Avon a le mérite d'entraîner loin dans l'espace et le temps son lecteur, sans lui infliger de dystopie post-apocalyptique ou de cucuterie japoniaisante. C'est déjà beaucoup, bravo les amoureux et Yves-Marie aussi, les auteurs prolifiques ont toujours de la (bonne) bouteille à nous offrir.


 

Publié dans littérature jeunesse

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Y
Visiblement, je n'ai pas écrit ce roman pour vous alors je vous prie de ne pas en dégoûter les autres avec cette critique incendiaire et gratuite.
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