Tempête au Cap-Ferret / Jeanne Faivre d'Arcier

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

Tempête au Cap-Ferret / Jeanne Faivre d'Arcier
SYROS (Souris Noire)
  Jeanne Faivre d'Arcier :
  Tempête au Cap-Ferret. 2020
  ISBN 978-2748526707 : 6,95 €

A partir de 10 ans -

Un roman destiné aux têtes blondes bien coiffées qui passent leurs vacances sur la très chic presqu’île du Cap Ferret dans une maison de famille à géométrie variable, en première ligne du Bassin d’Arcachon,, dans les fameux Quarante-Quatre hectares. L’auteur, J. Faivre d’Arcier, membre de la société des gens de lettres, emploie un vocabulaire simple et imagé dans cette histoire fluide, facile à lire et pleine de suspense, et y glisse des expressions quasi désuètes : “s’esbigner”... en même temps que des mots qui sentent le bordeluche, au premier rang desquelles les fameuses “chocolatines” englouties au petit-déjeûner par les enfants de cette famille recomposée modèle, aux yeux “bleu acier” et aux chevelures blondes (sans parler du père qui roule en Daster 4 x 4).  C’est Noël, les guirlandes lumineuses ont été achetées au marché du bourg du “Ferret”, le sapin est prêt. Mais il manque les deux aînés sur la photo de famille, Margaux (le château médocain n’est pas loin) et son demi-frère Lucas. Tous deux ont tour à tour quitté en cachette des parents la demeure familiale, alors qu’une formidable tempête s’apprête à tout dévaster sur son passage, l’une pour retrouver son chien, l’autre pour retrouver sa soeur. Ils se retrouveront dans la maison abandonnée voisine, immense et sinistre, où de drôles de bruits se font entendre, serait-elle hantée ? Ils y ont vu briller d’étranges lumières, en cette période où le village est vide de tous vacanciers, à part leur famille… L’aventure tourne au petit thriller, voire au roman catastrophe, et le vent de l’océan souffle très (trop) fort dans les pins, autant qu’une Xynthia ou autre tempête tropicale dévastatrice, sans que pour autant rien de trop grave ne soit à déplorer au lever du jour, pas de quoi sortir les “Petits mouchoirs”, même si les bosses et grosses éraflures auraient pu être beaucoup plus méchantes. L’auteur poursuit dans ce nouveau volume de sa série son exploration du Bassin, côté Ferret et en hiver, avec une reproduction d’image Google maps situant précisément les lieux de l’action, avec même le nom des rues. Pas pour autant une étude documentaire sur, juste une aventure vécue par des enfants intrépides à deux pas de leur maison de vacances, évoquée aussi sous l’angle incongru des aléas de l’immobilier, du coût de la construction et du prix du mètre carré au Ferret, c’est là la seule note vraiment réaliste. Une histoire simple à lire sous la couette pour le plaisir du frisson sans danger, qui rappelle les aventures du Club des Cinq, sans autre ambition que de faire passer un bon moment aux enfants. 

Nota : l'auteure porte le même nom de famille aristocratique que les amis de ma mère, les Faivre d'Arcier qu'elle connaissait intimement, de leur maison du Lot-et-Garonne à celle du port de l'Aiguillon à Arcachon, sur le Bassin qui borde le Cap-Ferret. J'ai passé sur ces rives à la fois lacustres, marines et océanes, de merveilleuses vacances où rôde le souvenir de mes garçons aventureux et joueurs et de leur petite soeur qui fit ses premiers pas au parc Mauresque d'Arcachon, loving memories. Mes trois chéris heureusement n'ont jamais rencontré d'autre tempête que celle, violente et soudaine, qui laissa au port du Ferret le bâteau qui devait nous ramener à la nuit à la jetée Thiers, de l'autre côté. Nous avions traversé en fin d'après-midi sous un ciel déjà couvert de nuages, pour rejoindre une alléchante séance de cinéma en plein air (j'en raffole l'été) qui devait se tenir au pied du phare : "Liberté-Oléron" de Bruno Podalydès, avec son frère Denis en capitaine maladroit. Las, à cause du temps devenu de plus en plus menaçant pendant notre pique-nique dans les dunes en attendant la séance, celle-ci fut déplacée (mais non reportée, alors qu'il aurait mieux valu) dans une banale salle municipale dans le bourg. Les deux plus jeunes s'endormirent vite sur les chaises en plastique, ratant les coups de rames tragi-comiques de Denis sur sa femme tombée à l'eau, l'excellente Ghislaine Londez. Le film se termina vers minuit et demie, et arrivés à l'embarcadère nous n'étions que quatre clampins sous la pluie battente et le vent, le dernier bateau étant parti depuis longtemps, et celui de 1 h (vraiment ?) que nous devions prendre (en rêve) n'existait plus. J'eus encore à essuyer une autre tempête, la colère de mon mari à qui je fus forcée de téléphoner et de déranger dans son sommeil (ô joie des portables à peine découverts !) alors qu'il venait d'arriver ce samedi soir là à Arcachon depuis Paris en voiture, de se faire en plus de son long voyage de la journée, un périple supplémentaire de 150 km de tour de bassin pour nous ramener dormir à Arcachon. Nous l'avons attendu trois quarts d'heure, misérablement abrités tant bien que mal sous l'auvent d'un bar de plage, au milieu des chaises et des tables entourés d'un cable d'acier (d'Arcier ?). Très remonté contre mon incurie de mère indigne (pauvres enfants de trois à treize ans), il nous ramena dans la nuit noire dans un tour de Bassin dont il se serait bien passé, jusqu'à la maison louée tout près de la jetée de la Chapelle, les Ombrées dans la ville d'automne. Nous sommes revenus quatre fois profiter des ombrages des grands arbres à deux pas de la plage "Joigny", disait ma mère à l'origine de cette location providentielle, formidable, rustique et pas chère, où une dame distinguée aux cheveux argentés (pas de la famille des Faivre d'Arcier, nous avions quitté depuis longtemps leur studio-cabine gentiment prêté contre une bouchée de pain, mais aux couvertures blindées d'acariens qui me faisaient éternuer toute la nuit, dans un immeuble moderne et laid au ras de bateaux restant obstinément amarrés à leur ancre devant nos fenêtres de rez de plage) nous logeait côté Nord dans deux pièces du bas de sa grande villa ancienne de briques et pierres, qui n'avait rien à envier architecturalement ou presque à celle en couverture de "Tempête au Cap-Ferret"). Nous pouvions disposer de tout le jardin de l'arrière, très ombragé car orienté au Nord (nous y avons passé une canicule très fraîche en 2003) comme toutes les plages d'Arcachon, à l'exposition septentrionale qui vous flanquent des coups de soleil dans le dos quand vous regardez la mer. Je suis "tigrée comme une panthère" sur les omoplates et la nuque depuis cette époque, dixit mon mari. Seules les belles plages Péreire et le Moulleau regardent vers l'Ouest et leur horizon aux lignes bleu outremer, blond sable et vert des pelouses sous les pins sont magnifiques au soleil couchant. J'ai le Bassin dans le coeur depuis toujours, Libournaise et Girondine d'origine. Royan est ma villégiature depuis quinze ans, moins cher et chic qu'Arcachon à l'époque de l'acquisition du trois pièces-jardinet qui devait nous faire quitter définitivement les rives du Bassin pour ne presque jamais y revenir en vacances, excepté pour de micro-locations des week-ends du début des années 2010 dont maintenant ma mère ne se rappelle de rien, ni du Maeva près du Casino, ni des Perlières de la plage d''Eyrac. Moi je n'ai encore rien oublié, et je profite de toutes les occasions pour retourner en pensée sur le Bassin, sur la dune et au Ferret, et je dis merci à Jeanne Faivre d'Arcier d'y emmener les enfants, blonds ou pas, de cette façon très enlevée et bien plaisante.

Publié dans littérature jeunesse

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