Documentaire ou fiction, je choisis Christophe Honoré, "Plaire, aimer et courir vite"

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

Vu sur Canal + le film de Christophe Honoré « Plaire, aimer et courir vite », 2018, grand vainqueur mérité de l’avant-dernière cérémonie des Césars.

Excellents acteurs (Pierre Deladonchamps – qui n’est plus tout à fait l’ « inconnu du lac » ; Vincent Lacoste et Denis Podalydès) qui servent des dialogues et une histoire magnifique et très humaine. Rappelle la jeunesse du cinéaste, Breton de 24 ans débarqué à Paris au début des années 90, pour s’y plonger dans la culture (les Cahiers du cinéma, toutes affaires cessantes), et y rencontrer de jolis garçons.

J’ai adoré ce film homosexuel, comme on dit un film américain ou allemand, homo jusqu'à la moëlle, et avant tout humain. Le mari comme moi, couple d'hétéros (et plus si affinités) éblouis et émus par la prestation des comédiens, la justesse des dialogues, conversations, contacts entre les protagonistes de ce « ciné-drame », comme catalogué par canal + qui spoile allègrement la fin des films ce faisant. Pas une chance de s’en sortir pour le personnage de Pierre Deladonchamps, qui joue Jacques un écrivain atteint du sida, encore jeune, qui rencontre en le mignon Arthur (Vincent Lacoste) un dernier amour possible, mais choisit volontairement de céder aux injonctions mortifères de sa maladie en prenant les devants pour échapper aux derniers outrages du virus, qui lui a pris son premier amour. Scène poignante et magnifique dans la baignoire avec Marco, titubant de faiblesse tout juste sorti d’hôpital et trouvant un dernier refuge chez Jacques, qui n’est pas lui son dernier amour. Tout ça sous les yeux bienveillants et souvent courroucés de l'indéfectible ami et voisin Mathieu (Denis Podalydès, toujours bien), prêt à rendre tous les services à Jacques, couvrir ses mensonges de Jacques comme assurer la garde la nuit du fils de Jacques, un petit garçon très mûr, eu avec une femme formidable ("on formait une bonne équipe"). 

Il y a des cabines téléphoniques dans le film, des petits appareils photos, des cartes postales, qui rappellent que communiquer n’était pas si immédiat à cette époque, reconstituée au fil des déambulations des personnages par des allusions à l’actualité culturelle d’alors, l’affiche d’Orlando avec I. Huppert à l’Odéon, l’expo Matisse à Beaubourg, « La leçon de piano » de Jane Campion jouée dans un cinéma de Rennes… Dans la salle obscure Vincent Lacoste  lance des regards appuyés et des sourires sans équivoque de sa bouche bien dessinée à Jacques, qui vient de s’asseoir quelques rangs derrière lui, ayant fui l’hôtel de province un peu miteux qui lui a été dévolu, pour ce soir de première de la pièce dont il est l’auteur, jouée au Théâtre de Bretagne. Grand et mince, le jeune homme est plein de charme sous les traits de Vincent Lacoste, même privé de ses bouclettes par le metteur en scène qui a exigé une coupe courte, le mettant très en valeur. Vincent Lacoste dit son texte comme s’il le vivait, parle avec un sourire malicieux et tient des propos toujours intelligents et facétieux. Il n’a pas reconnu l’écrivain, dont il ne connait que le nom, Jacques suit le garçon après le cinéma, tombé sous le charme, comme nous tout au long de ce film. Apparition de Marlène S..., dont les formes généreuses ont enchanté en diva envisonnée la pièce de Christophe Honoré "Les idoles", césar de meilleure comédienne à Marina Fois pour sa lecture hallucinée d'Hervé Guibert, mais aussi mention très bien pour les chansons ravageuses gouaillées par cette impériale Marlène, déjà remarquable dans le rôle de l'actrice de la pièce de Jacques, échangeant des propos salaces et nécessaires avec lui dans la rue, avec Arthur en témoin caché de cette conversation de salopes, exactement comme dans la vraie vie, comme les vrais amis se parlent. 

Entre temps, avant, après, chacun aura eu d’autres histoires, d’autres amis et amies. Tout est montré, les scènes de nus sont plus des scènes amoureuses de fusion et de découverte des  corps que des scènes de sexe justificatrices de l’entente des personnages, comme souvent au cinéma, on montre des draps défaits et des culs pour signifier que les couples de cinéma « l’ont fait », qu’ils sont bien amants. Ici, tout est d’une délicatesse extrême, des lignes de peau caressées, des jambes entremêlées, des cheveux ébouriffés. L’affiche du film montrant les trois copains ensemble dans le même lit, rien de trivial, même pas une partouze, juste Denis Podalydès l’ami et voisin fidèle qui a finalement accepté de laisser dormir dans son lit Jacques et Arthur, parce qu’il ne peut rien refuser à Jacques, et que c’est la meilleure façon de prolonger une soirée formidable où  leçons de danse, musique et vin ont fait communié les esprits. Il se glisse à leurs côtés et laisse bientôt Arthur lui entrainer le bras pour le poser sur son dos, ils forment un trio une famille, qu’il décide de quitter quand le corps d’Arthur commence à recouvrir  celui de Jacques.

Sensuel et sentimental, et militant aussi, le film est moins coup de poing que les "120 battements par minutes" de Romain Campillo, mais est tout autant significatif de la dévastation et des ravages que fit le sida dans ces années encore si proches où on ne savait pas le soigner, où tant d'hommes mouraient comme ça, pour rien, pour avoir aimé faire l'amour avec leurs amoureux d'un soir d'un moment ou d'une vie. Toute l'injustice faite aux corps jeunes, faits pour aimer, qui savent aimer et bientôt ne le peuvent plus. Aux cerveaux aussi, aux esprits, une insulte aux liens du coeur et de l'intelligence, toute une humanité, des amitiés, 

 

Le film est truffé de nombreuses citations littéraires placées dans la conversation des personnages, imprégnés de littérature et de culture, au milieu de chansons, d’airs d’opéra, de tableaux, d’affiches de théâtre et de cinéma punaisées dans les appartements des uns et des autres (Querelle de Fassbinder, avec Laurent Malet, illustrée d’un tableau de Warhol, deux visages bleus superposés).

Comme souvent, voir le particulier dans le général, la petite histoire qui touche à la vraie vie, entre les lignes de celle fictive et si vraie qui se déroule sur l'écran. J'entends et je prends pour moi trois quatre phrases, un peu grandiloquentes et mystérieuses, qui me serrent le coeur tant par leur dimension tragique que parce qu'elles me rappellent un micro-truc vécu ce matin, une piqûre d'orgueil déballonée tous bras ballants devant la vacuité de la (ma) vie. Me marque ainsi  particulièrement une citation de de Bernard-Marie Koltès, dite par un des copains d'Arthur dans une belle scène (elles le sont toutes, le film est une merveille de bout en bout), celle de l'annonce du départ du jolicoeur vers la capitale, abandonnant là ses amis pour aller vivre l'amour de Jacques au plus près (mais Jacques ne rappellera jamais le numéro de la cabine téléphonique, occupé à de tragiques préparatifs). Lesdites phrases sont prononcées je crois (j'ai une mémoire de poisson rose) par un des amis d'Arthur, aussitôt félicité par lui de lire les livres qu’il lui offre. Phrases sur les formes de la cruauté, qui me touchent personnellement et m’évoquent quelque chose que je viens de vivre tout récemment, le matin même. Un microtraumatisme dont je devrais me remettre au plus vite, trois fois rien mais qui m’ont atteint et empêché de profiter de ce samedi là, pourtant labellisé nuit des musées. Jetée tout l’après-midi sur mon lit à m’abrutir de sommeil et de retournements dans la plaie de l’estime de soi mise à mal, qui a eu raison avec la pluie battante de tout mon allant pour le week-end (pas au-delà, faut pas exagérer).

Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès

 

"Alors ne me refusez pas de me dire l'objet, je vous en prie, de votre fièvre, de votre regard sur moi, la raison, de me la dire ; et, s'il s'agit de ne point blesser votre dignité, eh bien, dites-la comme on la dit à un arbre, ou face au mur d'une prison, ou dans la solitude d'un champ de coton dans lequel on se promène, nu, la nuit ; de me la dire sans même me regarder. Car la vraie seule cruauté de cette heure du crépuscule où nous nous tenons tous les deux n'est pas qu'un homme blesse l'autre, ou le mutile, ou le torture, ou lui arrache les membres et la tête, ou même le fasse pleurer ; la vraie et terrible cruauté est celle de l'homme ou l'animal inachevé, qui l'interrompt comme des points de suspension au milieu d'une phrase, qui se détourne de lui après l'avoir regardé, qui fait, de l'animal ou de l'homme, une erreur du regard, une erreur du jugement, une erreur, comme une lettre qu'on a commencée et qu'on froisse brutalement juste après avoir écrit la date."

 

(citation retrouvée grâce au site Babélio)

Koltès dont il y a longtemps j’ai reçu la nièce Marie, petite fille de 4 ou 5 ans copine de maternelle de mon fils Nicolas – qui plus tard allait jouer du Lagarce ou du Koltès sur les scènes -, invitée aux 4 ans de mon Nini. J’avais été frappée par la gravité des grands yeux bleus de cette toute petite fille, sa pâleur, ses boucles presque blanches et sa moue timide, venue accompagnée par son père et sa mère dans notre appartement du boulevard Ney, 18e. Le cadeau choisi pour Nicolas était un délicieux petit pantalon rouge écossais, j’avais remercié ses parents devant la commode de la chambre des enfants (souvenir précis, pourquoi avais-je donc ouvert un tiroir, un accident de pipi, un change nécessaire ?), et j’avais demandé alors si leur nom de famille avait quelque chose à voir avec le dramaturge mort du sida, récemment disparu. Les deux adultes s’étaient écrié que oui, que Marie était sa nièce, et le jeune père, boucles brunes et doux visage ressemblant comme deux gouttes d’eau à Bernard-Marie Koltès était bien son propre frère, très ému  en évoquant sa disparition toute récente. Je ne connaissais pas grand-chose de l’écrivain, et encore maintenant, à part son "Retour au désert". En 1987 ou 1988, jeunes parents d'un irrésistible bambin, pas encore Nicolas, on avait déjà été voir la pièce de Koltès aux Amandiers de Nanterre avec Michel Piccoli, Isaac de Bankolé etc.  Restés un peu interdits, sans doute pas compris grand chose et surtout pas osé rire aux irrésistibles ruptures de ton de Jacqueline Maillan en imper léopard, comédienne déplacée hors de son registre habituel, qui fit ce qu’elle put, injustement brimée et malmenée par le metteur en scène Patrice Chéreau.

 

Je ne crois pas avoir vu ou lu la pièce dont est issu ce texte, trop de spectacles tuent les spectacles, mais ceux vus jeune restent en principe à tout jamais dans la mémoire, et là zéro, ces Champs de coton ne me disent rien, pas le souvenir d'avoir vu Laurent Malet et Isaac de Bankolé mis en scène par Chéreau, plus à l'aise avec ceux là qu'avec la Maillan, qui en fut bien marrie. Pourtant sa lecture m'est particulièrement accessible et m'attend dans ma bibliothèque, au milieu d'autres textes de théâtre édités chez Actes Sud, oh procrastination.

 

Alors pourquoi ont-ils résonné en moi ainsi ces mots de Koltès reproduits ci-dessus, particulièrement les phrases : "la vraie et terrible cruauté est celle de l'homme ou l'animal inachevé, qui l'interrompt comme des points de suspension au milieu d'une phrase, qui se détourne de lui après l'avoir regardé, qui fait, de l'animal ou de l'homme, une erreur du regard, une erreur du jugement, une erreur, comme une lettre qu'on a commencée et qu'on froisse brutalement juste après avoir écrit la date", hein je me le demande.

 

Non, rien de très littéraire, juste du resserrage nombriliste et du psychotage madame michu minable, c'est moi qui fais ma vexée, je raconte donc par la présente que le matin même j'avais couru au devant d'un rendez-vous que je savais pas galant, mais prometteur de nouveaux horizons peut-être, et donné par un mec de mon âge, genre baroudeur breton au poil blanc, haute taille et voix grave, qui font fondre les filles dans mon genre. J'avais bien prévenu mon mari - légèrement inquiet et dubitatif - qu'un "réalisateur" l'autre jour "chez les bègues" (le self help mensuel de la rue Caillaux) m'avait couru après alors que je partais après juste une heure de débats rejoindre un vernissage bien décevant où aucun petit four ne nous attendait, dans l'institution muséale très contemporaine qui présente d'antiques vieilleries préhistoriques émouvantes de leurs millions d'années aux côtés des dinosaures en carton de Dinos et Jake Chapman (c'est ce que j'ai préféré). Expo "Préhistoire" à revoir, un avant-goût donné avec l'accent sud-américain de la conférencière, qui fut pendant mes années rue du Renard l'animatrice des mercredis des enfants, excellents souvenirs pour ma fille dont la dame brune, aujourd'hui blanchie, amie de Macha et précieuse artiste, vantait l'intensité des yeux noirs (de Clara, donc). Avais donc couru par la ligne 7 toutes affaires cessantes à ce vernissage plus sage que verni, ou le champagne n'avait pas encore inventé, pas plus par les chasseurs cueilleurs du Paléolithique que les agriculteurs sédentaires du Néolithique (au moins ai-je appris quelque chose, et vu aussi le grand catafalque de Notre-Dame plongée dans l'ombre, à la lumière du soleil couchant au dessus des toits de Paris, depuis le 6e étage).

 

J'étais encore toute fébrile et fière, traversée d'une flèche de désir et de fierté aussi aigüe que les silex présentés dans les vitrines de l'exposition, trop contente que le bourlingueur cinéaste m'ait remarquée pendant la séance d'échanges, et qu'il se soit levé et couru à ma poursuite alors que j'étais déjà sortie de la salle, pressée de voir la confrontation des antiquités et des oeuvres contemporaines et surtout de goûter aux petits fours, qu'il n'y avait pas. Sur son 31 l'amatrice d'art, bottes hautes qui font mal aux pieds, oeil charbonneux et lourdes boucles d'oreille, je ne suis pas comme ça tous les soirs... Pendant les présentations heureusement cette fois écourtées, j'ai pris juste le temps de dire que j'étais une "bègue masquée", et autres considérations sur ma très haute position sociale, merci le bégaiement pas si gai qui ronge de l'intérieur, quand on a pas les épaules pour assumer, mais que font mes épaules ?

 

Il dira plus tard que c'est ça qui l'a interpellé, le grand cinéaste, et pour ça qu'il m'a choisie, venu là pour trouver des vrais gens (des cobayes) pour figurer dans son film de fin d'études, sujet choisi : le bégaiement, l'homme se définissant comme un ancien bègue. Ayant tout à apprendre sur le sujet apparemment, et intéressé par la terminologie, choisissant mézigue juste sur mon emploi de cette expression pour lui énigmatique, "bègue masquée", eh oui c'est moi Fantômette, ou peut être sur ma très bonne mine ce soir là ? Comme le terme employé de "bègue fluent", incompréhensible à ce béotien néophyte, valut à un autre des présents à la soirée d'être sélectionné, "nominé" pour avoir l'honneur de tourner dans son film, qui restait à définir...

 

"Voyons-nous bientôt", "êtes vous libre", "j'aimerais bien que vous tourniez dans mon film"... La seule question qui semblait valoir, pour le documentariste pressé, étant de savoir "quel était mon rapport face à la caméra", si "je n'avais pas de problème avec ça". Oui c'est sûr, je suis la cousine de Claude Lelouch qui a déjà des kilomètres de bandes sur moi. Enfin, "bandes" - quoi que comme terme y'ait pas plus prometteur - ça sonne un peu vieux, on va dire des mégaoctets d'images animées engrangées de ma personne... Ben non, même pas, et je ne filme jamais, même que j'aurais bien dû filmer l'anniversaire de mon Nini de 4 ans, et les beaux yeux noirs intenses de ma fille de 8 ans, comme si c'était des choses qui durent, ça... Donc rapport à l'image, bof, à part quelques selfies sur Instagram ou Facebook, pas très fan de ma gueule à l'écran, vomir dit-elle. Je lui réponds rien là-dessus, que dire, je le prends à son mot de "cinéma du réel", d'ailleurs je lui dis que je pars sur ces entrefaites à Beaubourg, là où comme il le sait bien sûr se tient un des plus grands festivals de documentaires, le "Cinéma du réel". Bof, ça n'a pas l'air de lui dire grand chose. Pas plus de réaction quand je sors ma référence qui tue (et que tout le monde connait,  S. l'heureux élu futur documentarisé ouvrira la conversation avec notre cinéaste réaliste par les mêmes mots que moi : "oui, pareil que "Strip tease" c'est ça". Eh ben non on se fait picher, on a tout faux, l'auteur nous retoque que "Strip-tease" ça n'a rien à voir, y'a qu'à voir l'épisode du mec qui construit une soucoupe volante dans son jardin, faut pas tout mélanger dit-il presque vexé. Pourtant "Strip-tease" ç'en est une drôlement bath de référence, même qu'au Centre Wallonie-Bruxelles l'hiver dernier il y a eu une chouette soirée en l'honneur de l'émission culte, 1985-1992, huit ans de service public qui ont marqué les mémoires, et un livre de Marco Lamensch, présent à la soirée, formidable "Strip-Tease se déshabille" qui raconte l'histoire et les coulisses de l'émission franco-belge mythique. Ca c'en est, et du drôlement bon et qui date pas d'hier, du documentaire sans interview et juste face caméra, "des situations de réel", comme celles que l'homme de Rennes entend ou prétend filmer et réinventer la poudre. 

 

Extraits d'une interview parue dans le Nouvel Obs :

"Comment présenteriez-vous l’émission à quelqu’un qui ne l’aurait jamais vue ?"

"Strip-Tease" est une émission de documentaires qui montrent le réel sans aucune mise en scène. L’idée est de sortir de la grammaire du documentaire qui consiste à alterner des interviews et des images sur lesquels on pose un commentaire. Dans "Strip-Tease" il n’y a aucune voix off et un minimum d’interview. Pour que le film ait du sens, il faut qu’il soit construit comme un film de fiction, que l’on raconte une histoire en utilisant les trois instruments qui sont à notre disposition : la caméra, l’enregistreur pour le son et la table de montage."...

 

Voir le dossier de presse ici : https://cinemaeldorado.files.wordpress.com/2018/04/dossier-de-presse-web-plaire-aimer-et-courir-vite-sdc.pdf (le lien ne peut pas s'afficher)

 

Publié dans au cinoche, begaiement

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