Les Vikings contre Hitler / Thierry Maricourt

Publié le par L'Aquoiboniste atrabilaire

Les Vikings contre Hitler / Thierry Maricourt

LE CALICOT

  Thierry Maricourt :

  Les Vikings contre Hitler. 2019

  ISBN 979-10-97340-07-0 : 12,50 EUR

(Paru chez Oskar en 2011)

 

Réédition. A partir de 13 ans

Bravo

Ce roman historique et d’action, aux allures de polar scandinave, nous entraîne dans le Grand Nord à l’époque où les nazis semblaient invincibles et voulaient imposer leur idéologie à toute l'Europe. En 1942, Stig, jeune Suédois de douze ans et orphelin de mère vit seul avec son père journaliste qui semble avoir de mystérieuses activités, disparaissant pour des périodes plus ou moins longues. Quand un matin il faut quitter brutalement la maison familiale, le garçon suit son père sans poser de questions. L’homme n’est rien moins que le responsable de la Résistance scandinave et dirige des réseaux à travers les pays du Nord, où il entraînera son fils à ses côtés et l’initiera à ses activités.

L’action très resserrée du roman nous plonge tout de suite dans l’atmosphère de l’époque, et on suit les faits et gestes de Stig au plus près, entraîné malgré lui dans une suite d’événements tragiques. Au début du roman Stig n’a que douze ans, il ne comprend pas très bien ce que font son père et ses amis qui lui sont plus ou moins familiers. Accueillis et hébergés avec son père dans leur appartement du centre de Copenhague par Ditte et Martin, un couple d’amis, Stig ne retrouve pas son papa au matin. Celui-ci a disparu, le couple rassure néanmoins l’enfant et lui donne des crayons de couleurs pour s’occuper, tout en restant caché. Après quelques jours sans nouvelles, la jeune femme qui les a hébergés l’emmène avec elle en ville sous le prétexte de quelques courses, et l’enfant s’aperçoit vite que celle-ci échange des signes de connivence avec certains passants de la foule, clignements d’yeux, hochements de texte. Signes de reconnaissance signifiant forcément quelque chose, sans doute à voir avec le mouvement de foule soudain formé, de manière spontanée et compacte, pour faire obstacle à la poursuite que les militaires allemands semblent diriger vers un homme, comme pour protéger celui-ci. Mis à l’abri par la foule qui entrave silencieusement et sans en avoir l’air l’avancée des militaires, l’homme qui a pu s’échapper et dont Stig a juste aperçu la silhouette pourrait bien être son père. C’est à travers le regard naïf de l’enfant,  parfois enthousiaste, souvent terrorisé, que le lecteur découvre et comprend que ce père est un résistant et que ses actions secrètes visent à sauver autant d'enfants juifs que possible en leur permettant de fuir le Danemark pour se rendre en Suède, le pays resté neutre offrant en effet un refuge à de nombreux Juifs et antinazis.

"Ditte et Martin, comme tant d'autres Danois, accueillaient régulièrement des opposants au nazisme. Eux mêmes ne prenaient pas part aux actions, ils restaient dans l'ombre, c'était préférable, leur rôle consistait à héberger des résistants, à leur procurer éventuellement les documents dont ils avaient besoin et à les mettrre en relatgion avec les h ôtes suivants. Le couple officiait ainsi depuis le début de l'occupation allemande, en avril 1940. Papa me dit ecore que le pays était truffé de caches destinées aux opposants du nazisme. Hitler avait il cru qu'en envahissant le Danemark et la Norvège, pays de "race pure", il mettrait pied en terre conquise ? Comme il s'était trompé ! La Résistance n'avait jamais été aussi puissante qu'ici. Le seul point positif, pour le dictateur, était que ces pays comptaient peu d'habitants, que leurs armées n'étaient pas préparées à la guerre et que les soldats allemands déferlaient par milliers, équipés des meilleures armes. Mais toute la population s'élevait contre eux."

Le père réapparait le matin suivant comme si de rien n’était, et l’enfant reprend ses crayons avec bonheur, croquant les visages du couple ami, de son père et tous les sympathisants de passage dans l’appartement qui se révèle être une plaque tournante de la résistance, dessinant là selon son père de véritables portraits robots d’opposants agissant en secret, sur lesquels la police nazie aimerait bien mettre la main. Négligeant de les détruire, Stig les fourre sous son matelas et les oublie quand vite ils doivent à nouveau fuir sans regarder derrière eux. Tirés d’affaire de justesse, ils apprendront que Brit et ont disparu, sans doute déjà morts, rattrapés par la police, peut être identifiés avec d’autres résistants  à cause des renseignements précieux bien involontairement fournis aux nazis par les dessins de Stig.

Cette culpabilité va ronger Stig, dont le père sera bientôt arrêté à son tour.

 

Dans la deuxième partie, Stig est retourné, seul, sans doute orphelin, vivre en Suède. Pris en charge par les réseaux, il habite chez une voisine et retourne en classe chez son vieux maître, où il retrouve une vie d'enfant de son âge, entre ses amis et ses devoirs d’école. Une nouvelle élève fait son apparition. C’est Judit, jeune réfugiée juive hongroise, dont il tombe amoureux. La folie meurtrière nazie n’est pas loin, Judit raconte les persécutions, l’angoisse de ne pas savoir ce qui est arrivé à ses parents, la peur d’être retrouvée et ramenée en enfer.

Quand Judit disparait pourtant à son tour, Stig prend conscience de la nécessité pour lui d’entrer lui-même dans l’action et part en Norvège pour participer à des actions de résistance, de sabotage pour gêner les Nazis. L’action se précipite et le roman se fait thriller haletant en suivant les aventures de Stig en Laponie, parti suivre un guide éclaireur qui marche pieds nus dans la neige pour approcher au plus près les sites tenus par les Allemands, et provoquer des explosions à la dynamite. Les opérations s’enchaînent, le danger est partout et il faut fuir au plus vite, les Allemands et leurs chiens aux trousses d’autres, en courant, à vélo ou en voiture cabossée. On tremble pour la vie des héros pourchassés, on court avec eux au milieu des rochers et des cascades des forêts sauvages du nord de la Norvège, à travers les raccourcis et chemins connus des Lapons seuls. La beauté de ces terres de légendes est remarquablement évoquée par l’auteur, terres riches aussi d’un minerai de fer dont les Allemands sont friands pour leur armement. En 1945 les Allemands s’enfuiront par ces terres boréales, pratiquant la politique de la terre brûlée, rasant et massacrant des villages.

Le roman est divisé en trois parties, correspondant à trois périodes de la vie de Stig, balloté entre le Danemark, 1942, la Suède, 1944 et la Norvège en 1945. Chacun de ces pays réagit différemment  face au nazisme : le Danemark impressionne par sa résistance collective et en grande partie non-violente où la population juive a pu être sauvée grâce à la mobilisation de tous L’auteur n’hésite pas à présenter le Danemark – occupé par les Allemands depuis 1940, comme le pays le plus résistant d’Europe. Les Danois, adeptes de la résistance collective et passive, en grande partie non violente, ont en effet aidé une grande partie de la population juive à s’enfuir, sauvant de très nombreux Juifs. On peut lire sur Wikipédia que « durant les cinq années d'occupation, le gouvernement a systématiquement refusé les exigences allemandes concernant les juifs. Aucune loi spéciale ne fut décrétée et les juifs bénéficièrent strictement des mêmes droits civils que le reste de la population danoise. Cette position exaspéra de plus en plus les autorités allemandes qui cependant renoncèrent à toute action contre les Juifs au Danemark pour ne pas perturber les relations entre les deux gouvernements ». L’auteur rappelle au passage que le roi Christian X, qui resta courageusement au Danemark durant toute la guerre, aurait déclaré qu'il porterait une étoile de David si les Juifs étaient forcés d'en porter, et qu’il aurait parcouru les rues de Copenhague à cheval, arborant sur son uniforme une étoile jaune et refusant de rendre leur salut aux dignitaires nazis. S’il s’agit vraisemblablement d’une légende, non étayée par des preuves historiques, il est bien réel qu’il n’y eut de lois antijuives au Danemark et jamais les juifs ne furent obligés de porter l'étoile jaune.

Le livre se présente comme un récit autobiographique, raconté le plus souvent à la première personne par Stig devenu un vieux monsieur, ayant survécu à la guerre et se remémorant avec philosophie les souvenirs de ces moments terribles où sa jeunesse et son innocence ont disparu. C’est un hommage rendu ses morts chéris et tous ceux qu’il aimait, au courage de ces hommes et femmes résistants qui ont lutté contre les nazis souvent au péril de leur vie, disparus dans le maelström de la dictature nazie.

L’auteur Thierry Méricourt ne fait pas mystère de ses opinions libertaires et anarchistes et voit son livre, après une première parution chez Oskar, réédité aujourd’hui aux éditions du Calicot (qui rappellent la définition du Petit Larousse du sens de ce mot : « Bande d’étoffe portant une inscription, syn. Banderole »). En effet, sous la bannière un brin révolutionnaire du Calicot, si l’on en croit l’avis publicitaire en fin d’ouvrage, sont proposés des livres de fiction aux enfants et aux adolescents  « dans un monde dirigé par l’économie, où l’individu n’a sa place que dans des colonnes de statistiques , pour développer leur sens critique et pour rêver à ce monde qu’ils méritent» , et plus généralement « pour se distraire, s’émouvoir, réfléchir, grandir ».

 

Publié à bonne enseigne donc, un livre grave sur une époque terrible vue à hauteur d’enfant, où le lecteur suit l'évolution d’un jeune plongé malgré lui dans les affres de la Seconde Guerre Mondiale, en lutte contre l’idéologie hitlérienne. Ce roman de fiction est bien documenté (carte de la Scandinavie et chronologie en fin d’ouvrage) et riche d’enseignement, s’appuyant sur des faits historiques tout en portant  une attention particulière portée à la géographie des pays traversés, l’auteur offrant au lecteur sa connaissance intime et son amour des terres du Nord et leur nature sauvage.

 

Ce récit à l’écriture dense et austère tient du roman policier "procédural", à l'instar des célèbres polars suédois et islandais (Henning Mankell, Arnaldur Indridason), n'épargnant pas les détails dans le rendu des étapes de l'action, propres à faire ressentir au lecteur les événements quasi en temps réel. Ce souci permanent du détail et l'effort constant de l'auteur de livrer la description la plus réaliste possible, aussi dans la chronologie des faits et gestes des héros, pourrait provoquer un effet de longueur et de l'ennui, comme certains procedurals soporifiques, si ce n'était l'envie de savoir comment l'enquêteur s'y prendra pour coincer le ou les coupables... Ici pas tout à fait la même chose, on sait que Hitler n'a pas vaincu les Vikings et que l'armée allemande a été vaincue par les forces alliées, avec l'appui indispensable de résistants courageux comme Stig : s'il y a suspense, c'est pour savoir comment le héros s'en sort au fil de ses aventures, et on peut bien supporter des ralentis sur des actions plus ou moins anodines, d'autant que l'auteur joue aussi beaucoup de l'ellipse. Cependant, ci dessous deux petits exemples de "procéduralisme" :

 

"Nous suivîmes la rue principale, qui montait en pente douce, avant de prendre une petite rue perpendiculaire - ou plutôt, d'en suivre le tracé, car les bâtisses qui naguère la bordaient n'existaient plus - et de repérer une baraque en planches faisant office de taverne. Nous en poussâmes la porte et une odeur de bois mouillé nous saisit. Un homme était assis au fond de la salle. D'un pas assuré, nous nous dirigeâmes vers lui". (p. 191)

 

"Le lendemain, tôt levés, nous nous engouffrâmes dans une voiture de faible cylindrée qui nous attendait, comme par miracle, portières ouvertes et clé sur le démarreur, entre deux autres véhicules, sur la grande artère qui traversait la ville. Jon se mit au volant, je m'installai côté passager"... (p. 216)

 

Trêve de reproches : la situation est ainsi fort bien campée et l'efficacité du style  doit beaucoup à la bonne tenue de l'écriture, l'auteur usant d'une langue classique et soutenue, employant parfois des expressions de l'époque ("se radiner", "quiet" au lieu de "tranquille", etc.) C'est qu'on aurait presque perdu l'habitude dans le roman jeunesse de lire de bonnes vieilles descriptions classiques, avec adjectifs et passé simple, comme dans nos lectures suivies scolaires des années 70 (autant dire hors d'âge). L'auteur sait (très bien) écrire, un peu "à l'ancienne", et on apprécie.

 

Dans l'action très serrée viennent souvent se glisser les réflexions poétiques voire philosophiques de Stig, qui avec recul arrive toujours à grapiller au milieu des épreuves des moments de bonheur ou de sérénité, l'auteur ménageant ainsi des pauses bienvenues dans la tension dramatique et le tragique des événements.

"Quand des animaux apparaissaient, oiseaux, rongeurs ou élans, je retenais mon souffle pour devenir invisible à leurs yeux, je leur parlais en moi même. J'étais soudain l'un de ces tomtes dessinés par Elsa Beskow, dont j'aimais tant tourner les pages des albums. La nature me reconnaissait comme l'un de ses membres silencieux, attentifs - respectueux." (p. 104)

"Tandis que le poisson cuisait, je courus me laver dans l'océan. L'eau était froide, mais pas trop. Revigorante. Nu, je m'aspergeai le visage, je me frottai les épaules, je plongeai et replongeai sous les vagues. Quel bonheur, me surpris-je à penser. Quel bonheur ? La situation, si je la considérais bien, était affreuse (je n'avais plus de parents, je n'avais plus personne et, à proprement parler, mon avenir ne reposait sur rien) et paradoxalement, elle était des plus heureuses. Tout m'était possible. La victoire sur les nazis ne faisait dans mon esprit aucun doute ; Jon était mon camarade ; Anne me réservait ses sourires... Je pourrais vivre ici ou retourner à Skomdalen ou aller ailleurs, où je le voulais. La fin de la guerre était pour bientôt, un nouveau monde surgirait, plus juste, plus libre : plus humain." (p. 216)

 

On ne peut pas non plus ne pas penser à la figure tutélaire d’Anne Frank à travers le personnage de Judit, obligée dans ces temps brutaux et tragiques comme la jeune fille juive d’Amsterdam de se cacher et de vivre enfermée.

Me revient aussi la lecture du "Silence de la mer" de Vercors, et l'évocation du réseau des maquisards, la steppe finlandaise formant le plus impénétrable des maquis, même si piétiné par le pas de l'oie nazi.
 

Un ouvrage qui tranche sur la production actuelle, pas situé dans l'actualité d'aujourd'hui mais très éclairant pour comprendre celle ci. Un plongeon très réussi dans la sombre époque de la Seconde Guerre mondiale que cette fiction en forme de témoignage de vie, très ancrée dans l'Histoire. Ce récit aussi émouvant que palpitant fait réfléchir sur les leçons du passé en livrant l'expérience vécue par un héros devenu un vieux monsieur sage, à la ligne de conduite bien définie.

L’idée de liberté et de résistance au nom de cette valeur sacrée est au centre de tout, avec pour armes contre Hitler la pensée et l’action, et pour Stig toujours la pratique du dessin.

"Plus tard, je deviendrais illustrateur. Illustrateur de livres pour enfants. Oui, principalement de livres pour enfants. Pourtant, toute ma vie je haïrais l'enfance. Pas les enfants : l'enface. La mienne. Période où tous les coups sont permis. Les coups dans la gueule. Dans la mienne. Plus tard, j'illustrerais l'enfance. Lui donnerais des formes attrayantes, des couleurs joyeuses. La parerais de joies inventées. Communicatives. On me féliciterait. "Quel talent possédez-vous, pour ressusciter ainsi la période la plus heureuse de la vie ! " " Vous avez dû avoir beaucoup de bonheur lorsque vous étiez petit." On me le dirait. Le plus sérieusement du monde. Je ne réagirais pas". (p. 98).

Le livre, plaidoyer contre la violence et la guerre, n'est pas pacifiste pour autant, témoignant de la nécessité de prendre les armes pour combattre l'ennemi. Si Stig tout d'abord réfléchit et observe beaucoup, il arrive un moment où il ne peut qu'aller se battre, pied à pied et dans la neige, aussi pour être digne du sacrifice de son père. Ce témoignage sur la résistance face à la folie meurtrière de Hitler, contre laquelle les "Vikings" de Scandinavie ont eu une conduite majoritairement exemplaire, est à recommander aux élèves de fin de collège qui ont la période de la 2de guerre mondiale au programme, et s’adresse à tous.

Abordant des sujets graves, et doté d'une vraie réflexion sur le libre arbitre, l'engagement et la valeur de la liberté, ce roman jeunesse est une vraie leçon de courage (et d'histoire-géographie !), qui fait confiance en les qualités de lecture de son public, avançant force concepts d'ordre politique et intellectuel. Le livre de Thierry Maricourt, justement réédité, présente aussi tous les atouts pour offrir le plaisir de lecture qu'on attend d'un bon roman d'action, voire d'un thriller, tout aussi généreux en scènes d'action qu'en réflexions profondes.

 

"Le prix de la guerre, on ne l'ignorait pas. Les atrocités du nazisme, chaque jour nous en découvrions de nouvelles. Etre perplexe nous était interdit. L'horreur. Cela ne devait pas recommencer. Il fallait que ce ne soit plus jamais possible. Que l'on interdise le racisme, la ségrégation. Nous étions condamnés à vivre ensemble, et c'était tout. C'était notre richesse. Notre avenir. L'éducation, comme l'affirmait Monsieur Ivarsson [son maître], devait être une priorité. Nous avions à mettre en place un régime de liberté et de bien être - pour tous."

 

"Hitler voulait éliminer les Juifs de la surface de la planète. Et les Lapons. Et les Slaves. Et les Noirs. Et les Gitans. Et les homosexuels. Et... beaucoup, beaucoup d'autres individus, dont la pensée, libre ou critique ou, surtout, différente de la sienne, lui déplaisait. Il haïssait la démocratie. Quel monde de haine et de désastre nous préparait-il ! Il allait perdre la guerre, c'était chaque jour plus évident, mais nous devrions nous méfier de ses héritiers spirituels, qui ne cesseraient pas le combat. Nous devrions clairement nous opposer au racisme."

Les Lapons, incarnés en fin d'ouvrage par l'extraordinaire personnage de Jon, qui marche pieds nus dans la neige et les rochers, me rappellent les Indiens d'Amérique évoqués dans le beau "1000 femmes blanches" de John Fergus. Nombreuses similitudes de coutumes et façons de vivre entre les Cheyennes du XIXe siècle et les Lapons du nord de la Norvège, en plus de la ressemblance de leurs traits, ces peuples partageant de nombreuses caractéristiques communes, nomades suivant leurs rennes ou leurs bisons, le recul de la forêt boréale menaçant les premiers de disparition pour les premiers, et la chasse intensive des colons blancs  ayant presque réussi à éteindre les seconds, de même que le peuple indien chassé de ses terre et privé de sa subsistance, qui fondait sa survie sur la culture du bison. Peuples ayant subi la christianisation forcée, aussi.

Malgré la gravité des faits, et le danger sous jacent, c'est un plaisir de traverser la Laponie dans les pas (et les roues de vélo) de Stig et Jon, sentir le froid sur ses joues et l'odeur des sapins sous la neige. Manque de temps pour recopier les vibrantes descriptions de la nature parsemant le roman.

"Nous roulâmes peut être un quart d'heure. Il m'avoua être l'un des rares Lapons engagés dans cette guerre. - Nous sommes un peuple pacifique, depuis toujours. Même quand, il y a longtemps, les gens d'Oslo ont essayé de nous évangéliser, que des pasteurs sont arrivés dans nos montagnes pour nous faire abandonner nos traditions et ouvrir la voie à des colons qui nous ont volé une partie de nos terres, nous ne nous sommes pas montrés violents. D'autres n'auraient pas hésité. Nous, nous essayons de continuer à vivre comme auparavant ou bien nous nous adaptons, quitte pour cela à changer de patronymes, à les "norvégiser". Nous n'allons pas de nous mêmes vers les autres, mais si les autres viennent vers nous  nous ne nous montrons pas hostiles. Nous vivons de la même façon depuis une éternité, pratiquant la "civilisation du renne", comme disent les ethnologues, et cela nous convient. Le renne est un animal que nous aimons, nous lui ressemblons et il nous ressemble. Nous ne le tuons jamais sans raison. Il nous procure tout ce qui nous est indispensable : sa viande pour nous nourrir, bien sûr ; mais aussi sa fourrure, pour nous vêtir, nous couvrir, la nuit ; ses bois et ses os pour faire des outils ou des objets de tous les jours ; nous ne perdons pas sa graisse, pour nous éclairer, ni ses tendons, pour coudre... Nous sommes les enfants du soleil - lorsque celui ci daigne apparaître. Nous n'avons peur ne des ours, ni des lynx, ni... des nazis !"

Les Vikings contre Hitler / Thierry Maricourt
Les Vikings contre Hitler / Thierry Maricourt
Les Vikings contre Hitler / Thierry Maricourt
Les Vikings contre Hitler / Thierry Maricourt

Feuilleté "Les derniers peuples des glaces", le bel ouvrage de photographies de Francis Latreille, spécialiste du Grand Nord, que Thierry Méricourt n'a pu manqué de remarquer la sortie cet automne. Somptueux livre à se faire offrir ou à s'offrir sous le sapin, histoire de s'assurer un Noël blanc. Reportage "photo" à partir d'une sélection de pages du livre ici sur ce blog, et quelques unes pour illustrer le roman des Vikings, tout en haut de la Norvège, chez les Lapons.

 

 

Publié dans littérature jeunesse

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