Mon ado fume des bédos

Publié le par L'Aquaboniste atrabilaire, ou Princesse Rabiola

919733316.jpgla suite sur ce billet

 

C'est ce que je crois avoir compris en lisant non pas entre les lignes mais à trois reprises dans le brand new blog sur Blogger, plus facile entre nous à utiliser que l'ovaire-bulldog ci-devant utilisé, que ma chérie de 14 ans et des brouettes vient de se crééer, parce que c'est la mode, que tout le monde a le sien et même sa mère, et bien plus fun qu'un journal écrit au stylo bic qu'il faut penser à cadenasser dès qu'on a le dos tourné. Sauf que Maman, myself, est des fois un peu maligne, et très irrespectueuse de la vie des autres, surtout quand je les ai fait pousser dans mon giron pendant même pas neuf mois, ceci est une autre histoire de RCIU, retard de croissance intra utérin, hypertension, prééclampsie et césarienne à zip ouvert. Alors merde que les petites connes qui veulent faire stylée aillent trouver d'autres topics pour se mettre en valeur que les allusions hissées en étendard aux bédos, joints et autres beuh. Donc par trois fois je retrouverai des traces de cannabis en parcourant les 8 articles écrits par ma donzelle depuis hier (nettement plus prolifique que sa daronne, je m'incline), soit dans le profil : "Musique, cinéma, lecture. Bédo ?", dans la description de son emploi du temps : "Je passe mon temps au collège, à écouter de la musique, lire, fumer..." et dans ses commentaires de vidéos musicales : "A écouter carré dans son lit bien fonsdé" .

Donc non je n'ai pas mis au monde au péril de ma triste vie une petite merveille dudit monde pour la voir à peine quinze ans après sa venue au monde (bon va falloir mettre un correcteur de répétitions) se targuer de fumer et avoir l'air d'y prendre goût, et en plus avec de la "tease" alors qu'elle a un petit minois ravissant, des capacités d'analyse et un potentiel unanimement vanté par ses professeurs, même si trop de bavardage l'empêche de se placer dans le top ten. Et ben la revoilà, la tare familiale et bien au delà, tout comme sa mère et son oncle les deux grands heureux du monde épanouis, et tant d'autres mal dans leur peau, boulimiques, anorexiques et autres TCA, toutes addictions confondues, malaise social et psychotages à tous les étages, bref que du beau et du tout rose, voilà à quoi ça peut mener cette fascination pour les sensations ou paradis artificiels.

Je fais ma vieille conne mais moi aussi je me jette volontiers au fond de la bouteille de bière ou sur la baguette/camembert jusqu'à plus soif, pour éprouver autre chose que les petites pensées étriquées habituelles, prendre un peu de recul et espérer ressentir des révélations ineffables, ou plutôt panser un peu les blessures d'une vie sociale chaotique. Quoique quand on a le vin triste, autant se shooter à Lost ou aux séries TV, si on ne sait pas s'arrêter ça aussi ça relève du syndrome du refus social, voire du psychotique - mais ça aide à briller dans les dîners en ville, t'en-es à quelle saison de Mad Men ou de Treme ou de Dexter (bof pas celui là, trop de blood).

Mais là non pas ma prinçounette prunelle de mes yeux, la preuve donc que je fais tout mal et que je le sais bien, mauvaise mère qui n'éduque pas ni ne dirige ni ne donne des repères, ni familiaux exemplaires ni amicaux en tribu, rien de rien, alors la pauvrette, pour se distinguer et se faire remarquer, n'hésite pas à brandir l'idée du BÉDO, pour faire genre, mais si seulement comme par magie, loin de tout foirage de ma part, elle se trouvait des passions, geekerie ou bricolage, animaux ou sens artistique, et les mettait à l'honneur sur son blog bien noir et blanc, nigga' avec swag, mais non, le BÉDO vous-dis je. Alors n'y tenant plus quand elle rentre de son local scout, brave cheftaine de patrouille à la recherche de bouts de ficelle et de rouleaux de PQ pour aborder le week-end en forêt de demain, je lui intime de bien vouloir m'expliquer tout de suite non mais qu'est ce que ça veut dire tout ça, mais pas qu'est ce que j'ai fait au ciel pour mériter ça, car je le sais trop bien ce que j'ai fait ou plutôt pas fait, le non éducationnel et le tout jeu insouciant, et encore même pas...

La toutinette (mes petits noms de bébé pour cette pubère adolescente qui ne rève que de se faire pécho) se raidit un peu, gasp, comment as-tu fait pour le trouver, elle-même galère encore une heure avant de retrouver sa toute nouvelle prose sur le net, mais je ne me risque pas à lui révéler mon moyen mnémotechnique tout con, car bien capable elle aussi de m'avoir mise en favoris. On s'épie via le net, et à l'heure qu'il est elle est sur le canapé à côté de moi, les pieds carrés sur mes genoux, la télé en fond sonore, un road movie bobo de Patrice Leconte avec Pauline Lefèbvre la speakerine de Canal + au carré déstructuré, qui nous fait sa belle des champs entre deux garçons, mais n'est pas Jules et Jim qui veut. Donc la mère et la fille parlent d'elles-mêmes à cinquante centimètres de distance, mais combien d'années lumière ? Se plaint-elle d'une mère intrusive, total irrespect, je suis fière de moi ? Me plains-je de ma fille incomprise, 35 ans d'écart ça creuse un fossé, déjà que j'ai jamais été si jeune que ça dans ma tête et pas tellement fait "les 400 coups" comme dit ma mère pas précisément à la page ? En tout cas elle jurera ses grands dieux que rien de tout cela n'est vrai, que c'est juste pour faire "stylé", et comme tout le monde, ça intéresse tous les ados, tout le monde aime fumer et ne parle que de ça. Je m'énerve un peu, si elle met déjà dans les trois mots de présentation de son profil qu'elle ne pense qu'à fumer, les dealers risquent de la repérer vite fait, déjà 16 pages vues rien que depuis hier, et ce n'est pas que par elle. O joie du nombre de visiteurs uniques, Big brother est sommé de watching us tant qu'il peut.

Et le "bédo", c'est bien le genre de mot clé qui fait peut faire rappliquer les foules, par exemple de fans d'artistes à moumoute, et pas toujours concernés par l'abus de substances, quand googlisé au pluriel "bedos" : ai bien remarqué les occurences nombreuses dans les premières lignes de  résultats de news du fils de l'humoriste Guy Bedos. Car, remarqué-je aigrement, c'est bien connu les nouvelles générations occupent le pavé, essayez donc de chercher Guy Béart - mais pourquoi parler de ce vieux guitariste aux yeux bleus ?, vous ne tomberez que sur la grosse bouche d'Emmanuelle. Et encore celle-ci est de ma génération, il faudrait que je trouve un autre exemple, tiens Charlie Windsor supplanté par le prince Harry (pas ce cucul de William) - non mon côté Paris Match me perdra - allez vite un exemple d'enfants d'artistes moins ringards que les Gérarthur Jugnot, ou Claudalexandre Brasseur, d'ailleurs tout le monde s'en fout. Bon on a compris, "bedos" ça mène sur le net à Nicolas Bedos le sosie de son père qui emballait sec et me faisait craquer avec Sophie Daumier dans son sketche la Drague (la Drogue ?).

Foin (herbe séchée) d'aparté people ! Chercher "bédos", ce mot vaguement mystérieux et rigolo, ça mène aussi à ça, tous ces propos à la con entre ados, je crache la fumée ou pas, et moi ça me fait ça et toi. Et aussi à des conseils aux parents, et des témoignages et conseils diffusés sur les forums médicaux, Doctissimo et autres, et surtout, plus sérieux, gouvernemental, à une alerte à la prise de conscience que oui la drogue c'est mauvais, c'est de la daube, dau-be, bé-do, et que ça risque de bousiller les cellules du cerveau en douce, à force de mollassonerie, d'oublis, de perte d'attention. Ne vais-je pas jusqu'à lire que ça peut mener à la schizophrénie, maladie familiale, les gènes de mon Christophe sont en moi et je sais bien qu'on est pareil lui et moi, et Clarounette ne va pas t'y mettre aussi, à te fourrer de la résine et du weed et du goudron et de la nicotine et du tabac et même de la merde, allons-y, il y en a qui ont eu les doigts qui puaient après avoir effrité leurs feuilles ou morceaux de produit illicite et psychotrope. L'intelligence, enfin rien qu'un peu, c'est tout ce qu'on a pour tenir et avancer et faire face à la vie. Et la santé aussi. Alors l'auto-destruction c'est bien tentant, je suis la première à flirter avec les rives méphitiques de la négligence, la dévalorisation de soi et les comportements limites, beuveries solitaires et sommeils léthargiques d'abrutie, et mon addiction au net parlons-en, mais pas de cachets merci, du moins pas encore. Mais toi évite ça poulette, alors oui je veux bien te croire quand tu me dis que donc c'est juste pour faire la fille stylée et se la raconter, raconter sa vie en fille cool et décontractée et bien intégrée (car si on boit seule quand on est vieille, on fume en groupe quand on est adolescent, pour être intégré et bien vu). Alors oui si tu le dis, que tu n'as jamais fumé que trois pétards, avec tes copains de 16 ans cailleras dealers ou bourgeois de la Butte encanaillés, et en colo de ski, et je ne sais où, dans tes boums ou assise sur un trottoir, faites tourner, je veux bien te croire. De l'empathie, j'en ai, sauf pour moi. Mais si tu as les symptomes décrits ici et , et que tu deviens dépendante à la fumette, et que tu perds l'envie de lire et de t'instruire et de travailler, pour plus tard c'est un cliché mais c'est aussi ce qui conditionne le bonheur, être indépendante et avoir plein de pépettes pour t'acheter les trucs qui te font envie dans Elle ou le Madame Figaro de ta grand-mère, et bien je n'hésiterai pas à prendre les démesures qui s'imposent, et je vais bien trouver, et pire que privée de Facebook, ça c'est déjà fait par la grâce et le côté insupportablement mais fermement frère corse, ou reubeu, de tes frères aînés qui n'ont pas supporté d'apprendre tes frasques d'avoir fait le mur du côté de la porte de Clignancourt avec tes copains coupeurs de joint, et autres comportements à risques. Même que nous, ton papet et moi, "les parents" si peu du genre ceux de Delphine et Marinette, avec leurs gros sabots autoritaires de chat perché, en avons pris pour notre grade d'incurie et d'imbécilité amorphe face à notre fifille indolente et mal partie. Mais j'ose espérer que rien de grave, pas de Moi Christiane F. droguée et prostituée au vu et au su de mes parents, au bout de l'aventure adolescente. Bon si on allait à la messe ? Non, crise des valeurs générale, ça c'est dans les magazines, et chez nous le petit Jésus n'existe plus qu'en culotte de velours, bourgogne de préférence. Meuh non que de la limonade, je ne veux quand même pas passer pour une pochtronne, déjà que j'ai les joues un peu trop rouges (mais c'est de famille). Ma pauvre chérie, d'accord, je ne dirai rien à ton frère et je ravalerai ma peine de voir que c'est lui que tu crains, le grand garçon raleur et grande gueule, mais qui sait ramener les soeurs dans le droit chemin et leur faire tenir le cap, comme on dit dans les journaux de navigations, les web logs, les blogs, faute de se parler dans le blanc des yeux et le coeur sur la main. Blog niveau confiance, comme ils disent ici. Le mien peine à dépasser le niveau 6, c'est pas bien haut, mais courage on va y arriver.

 

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